Péloches de janvier 2012…

The Girl with the Dragon Tattoo (Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes) (2011) de David Fincher
Old skål, new skål
Si l’adaptation du bestseller de feu Stieg Larsson était une discipline sportive, on pourrait dire que David Fincher a effacé la marque de Niels Arden Oplev (responsable du premier portage en 2009). Tout y est supérieur : la réalisation, la photo, les acteurs, la musique, etc. Rien de plus car malgré un générique “Bondien” plutôt élégant et quelques séquences très réussies (l’introduction du personnage de Lisbeth Salander), les deux versions – toute qualité inégale par ailleurs – sont assez similaires jusque dans certains plans. Hypnotisé par le regard azur de Rooney Mara, oui, mais tout de même en attente d’une touche plus personnelle. À bon entendeur…

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Take Shelter
(2011) de Jeff Nichols
”Oh, a storm is threat'ning/My very life today/If I don't get some shelter/Oh yeah, I'm gonna fade away” (The Rolling Stones, Gimme shelter)
Take Shelter, c’est Sixième Sens avec un redneck nevrosé qui rêve de tempêtes à la place du gamin qui voit des morts. Comme dans le film de Shyamalan, les cauchemars prennent la forme de séquences flippantes où des inconnus surgissent derrière des carreaux embués. Le parallèle s’arrête là car ici on est plutôt dans le drama familial aux accents malickiens. Le personnage principal s’appelle Curtis ; Curtis avec un “C” comme Cassandre, alors forcément personne ne souscrit à ses prémonitions. Curtis, c’est Michael Shannon, qui joue à merveille, si bien qu’il faudrait une photo finish pour départager son personnage et celui de Ryan Gosling dans Drive dans un concours d’autisme. L’exposition est un poil longuette, mais Take Shelter finit par forcer l’adhésion et nous emporter corps et biens à l’image du final d’une puissance indescriptible. Un choc !

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Carnage (2010) de Roman Polanski
”4 Hommes en colère”
ALERTE ENLÈVEMENT : le petit Roman, réalisateur de l’assommant The Ghost Writer ainsi que d’autres longs métrages ennuyeux a disparu… Courte nuit la veille (le matin-même en l’occurrence), séance à l’heure de la sieste précédée d’un repas richement calorique et pas un seul coup de barre ! Théâtre filmé, mais rythme effréné quasi inarrêtable à partir d’une péripétie impliquant la charmante Kate Winslet. Polanski, l’homme qui aimait les enfants, filme deux couples qui les détestent ; clin d’œil à l’image du film : savoureux !

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Texas Killing Fields (Killing Fields) (2011) d’Ami Canaan Mann
She’s the Mann!
Un polar d’ambiance bancal volé par Jeffrey Dean Morgan, sacré comédien (sic), qui lance des pierres dans le jardin d’Al Pacino : on peut jouer une partition convaincante de flic sans gueuler. Du Ellroy chez les ploucs, le Dahlia Noir du bayou : il y avait matière à faire tellement mieux que la copie rendue par la fille de Michael. Nepotism is dead.

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The Artist (2011) de Michel Hazanavicius
[RATTRAPAGE]
Silence, on tourne !
Tout ayatollah du cinéma qui se respecte vous dira que non, on ne peut pas aimer un film qui est un succès commercial. Ce serait tellement vulgaire… Et pourtant, depuis 3 films, la paire Hazanavicius/Dujardin prend le parti d’affronter les AK-47 chargés des censeurs en proposant du divertissement populaire non dénué d’ambition artistique. Si la série des OSS donnait dans le pastiche d’espionnage, The Artist est un hommage (vibrant) aux années 20 et au muet, période qui a précédé l’âge d’or d’Hollywood. Ce film, c’est cette fille que tu croises en soirée, un peu en retrait, mais qui est bourrée de charme. Un peu timide, elle te sert quelques banalités, mais tu la trouves touchante et gracieuse. Classe, même. Elle t’a eu l’espace de cette soirée, et même s’il ne se passera peut-être jamais rien, tu sais qu’il t’arrivera d’y repenser, ému…

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J. Edgar
(2011) de Clint Eastwood
Biopic et pic et colégram…
On le supputait, mais c’est désormais une évidence : Papy Clint est sénile ! Quelqu’un aurait pu avoir la décence de le réveiller pendant qu’il tournait tout de même ! Le film est long et ennuyeux, le script bancal et prétentieux : la narration qui mélange les temporalités finit par se perdre pour devenir aussi passionnante qu’un échange de SMS entre deux collégiennes. Balourd, boursouflé, bidon : Eastwood ne risque pas de se faire dégrader de son triple B. Le plus triste dans tout cela, c’est que DiCaprio risque de glaner une statuette pour l’un des plus mauvais films dans lequel il ait tourné. Dans l’une des dernières scènes, la pauvre Naomi Watts passe les documents confidentiels d’Hoover au broyeur ; ce qu’elle aurait dû faire avec le scenario…

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Jodaeiye Nader az Simin (Une Séparation) (2011) de Asghar Farhadi
[RATTRAPAGE]
La belle Persane
Tchadoooooooooor regarder se friter les gens ! Un très joli film qui distille ses effets avec farsimonie. Bon, c’est probablement haram de rire de ça, mais c’est eux qui ont commencé en jurant sur le Coran pendant toute la bobine ! Fait non négligeable : Leïla Hatami est magnifique. La belle Persane, c’est elle !

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Sherlock Holmes: A Game of Shadows (Sherlock Holmes : Jeu d’ombres) (2011) de Guy Ritchie
”Law & (Dis)Order”
Avant d’être mort et de cachetonner pour la marque aux chevrons, Alfred Hitchcock a mené une petite carrière dans le 7è art. Il reste célèbre – entre autres – pour avoir énoncé le principe suivant : “the more successful the villain, the more successful the picture.” Ici, l’adage sied à merveille, tant Jared Harris excelle dans le rôle du professeur James Moriarty, archenemy de Sherlock Holmes. Froid et calculateur, il est un contrepoids impeccable au flamboyant et cabotin, mais toujours irrésistible Robert Downey Jr. C’est d’ailleurs une histoire qui fonctionne par paires : Moriarty et son bras droit, le colonel Moran (le magnétique Paul Anderson) d’un côté, Holmes et son fidèle Watson (Jude Law, golfes temporaux dégagés, mais toujours cette élégance so british) de l’autre. La complicité du duo des gentils est plus forte que jamais et certaines séquences confèrent au buddy movie. La nouvelle venue, Noomi Rapace (ex-Lisbeth Salander dans le Millénium Ikea) ramasse les miettes, et s’en tire avec les honneurs grâce à sa botte secrète : ce regard noir et intense qui lui a, à lui seul, sûrement valu le rôle suscité.
Niveau réalisation, Guy Ritchie use encore plus du flashforward – ces fameuses séquences de combat, où le héros visualise tout ce qui va survenir –, qui lui valut les ires de l’opinion. Oui, ça fait poseur, mais quel autre artifice utiliser pour restituer cette caractéristique fondamentale qu’est la quasi-omniscience du personnage principal ? De plus, dans ce nouvel opus, ces scènes sont souvent tournées en dérision, ne produisant pas systématiquement l’effet présagé. Si l’on adhère au style visuel, l’expérience est jouissive à l’image du morceau de bravoure qu’est la scène de la forêt. Sans compter sur le final, sur fond de partie d’échecs entre les antagonistes, d’une intensité dramatique considérable jusqu’à ce plan au ralenti sur le visage d’Holmes d’un lyrisme absolu. Bon, entre nous, il n’est pas à exclure que Sir Arthur Conan Doyle fasse quelques saltos arrière dans son caveau, mais franchement : quel pied !

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3 thoughts on “Péloches de janvier 2012…”

  1. Le film est un peu décevant par la répétition abusive des "flashforward".
    L'humour est trop répétitif. Si vous n'aimez pas les scènes de "bagarres",
    choisissez un autre film. C'est malheureux, car il ne manquait pas grand chose pour en faire un beau film.
    Cordialement
    Bernard

  2. Bonjour Julien,

    Je n'ai pas vu "J. Edgar", je ne peux donc pas juger ce film.
    Mais, je trouve que ta critique de Clint Eastwood (sénile, triple B) est très dure. Faut-il comprendre que tu n'apprécies pas ce réalisateur ? Ou peut-être, que, comme certains profs, tu es plus exigeant avec les bons qu'avec les mauvais élèves ?
    Pour ma part, j'aime beaucoup son travail : ses oeuvres sont souvent très bonnes, voire excellentes. Beaucoup de réalisateurs dans la fleur de l'âge doivent rêver de faire des films du niveau d'un Clint, même sénile ;)
    Pourquoi ne pas présenter un film de Eastwood que tu as apprécié ?

    Bon we à toi, ainsi qu'à tous tes lecteurs

  3. Bonjour,

    J'ai beaucoup apprécié Clint acteur, quelques films de Clint réalisateur (Gran Torino notamment), mais de mon point de vue, J. Edgar est raté. Ce n'est pas une attaque contre Clint Eastwood ou alors une attaque contre le Clint qui fait ce genre de films mous, lisses etc. Dans mes revues de ciné, je présente les films que je vois au cinéma, or les films de Clint que j'apprécie n'y passent plus depuis un bail (sauf reprises). C'est aussi simple que cela.

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