Un vendredi soir sur la terre…

Il arrive, elle le voit, elle le veut. Elle s’empêche de mettre du feu dans chacun de ses gestes, persuadée qu’elle est d’être invisible. Une invitation lancée, une réponse impertinente. Le jeu. Déjà. Il est là, elle aussi, dans le même espace. L’exigüité comme alibi absolu d’une proximité maladroite. Elle ne montre rien, même du bout de ses yeux bleus qui voudraient tout lui dire. Elle espère qu’il devine… Il la considère sans s’attarder, contact évasif avec un regard devenu rieur par habitude. Sans cause ou presque, pense-t-elle. La nuit semble prendre une option sur leurs réticences. La danse qu’elle accepte, le dangereux rapprochement qui l’accompagne, les fredonnements à l’oreille qui se font murmures à mesure des tours qu’ils exécutent l’un contre l’autre… Le voilà victime de ses audaces vestimentaires, dépossédé de sa chemise par cette ravisseuse improvisée qui la noue autour de sa taille en une robe de fortune. Il flâne à peine trop longtemps sur ses épaules nues… Assis côte à côte, les yeux rivés sur l’écran qui diffuse des vidéos chargées d’un sens qu’ils sont probablement déjà trop loin pour percevoir. Ils se tournent brièvement l’un vers l’autre, se sourient, mais leurs regards sont fuyants, se croisent puis se détournent, se donnant la réplique dans ce dialogue de muets… C’est bientôt la fin, elle lui laisse quelques lignes en même temps que son souvenir… Il est venu, il l’a vue, il la veut. Elle a gagné, sans jouer, mais elle ne le sait pas encore. Il est tard. Ou tôt. Il rentre chez lui, un peu paumé. Boy meets girl, c’est une histoire ordinaire. On est tout simplement un vendredi soir sur la terre…

26 thoughts on “Un vendredi soir sur la terre…”

  1. Tu l'écris quand ton roman... ?
    Une "histoire ordinaire", oui. Mais une rencontre (la rencontre) peut tout changer, non?! ;-)
    Benoît G.

  2. L espoir de chacun... Le/La rencontrer, être troublé, attiré et ne plus voilà quelqu'un d autre que lui/elle
    merci Julien, encore une fois, je vis tes mots ce soir :-)

  3. Julien,
    Magnifique danse... ça laisse rêveur...
    J'aimerai que tout mes vendredis ressemblent à cette danse..
    un instant magique..
    Merci pour tes jolis textes,
    a bientôt :-)
    Nad

  4. "Pas la peine que je précise
    D'où ils viennent et ce qu'ils se disent
    C'est une histoire d'enfant
    Une histoire ordinaire
    On est tout simplement, simplement
    Un samedi soir sur la terre"
    Très bel hommage à Francis Cabrel, un de mes artistes préférés!
    Toujours une aussi jolie plume Julien, hâte de lire ton prochain billet sur le sujet, car c'est sans aucun doute tes textes sur l'amour qui sont les plus touchants...
    Laurie

  5. Je pense que c'est une évidence, cela ne peut qu'être ton histoire ... Une telle sincérité des mots, des actions, des détails. Ca donne envie de (re)vivre cette histoire ... et de prendre part à cette danse, authentique fantasme (ambulant) pour tous ...

  6. C'est à la fois très beau et d'un réalisme déconcertant ! Je crois me reconnaîre dans cette jeune fille.

    Je me répète c'est très beau, j'aurais aimé que ce texte soit plus long... J'aime beaucoup ta plume.

  7. Je ne connaissais pas la chanson...Seulement le titre de mémoire. Je viens de l'écouter. Merci de me la faire découvrir, indirectement (quelle belle chanson!). Et bravo encore pour ton texte, en forme d'hommage musical et littéraire!
    Benoît G.

  8. vous êtes bien jeune julien pour avoir vu ou déniché ce vieux et remarquable film noir et blanc de léo carax ...mais ça fait plaisir de vous lire à ce sujet ..je me demande si tout le monde a bien compris que ce ne fut pas un de vos vendredis perso... mais bien un comment' du film qui marqua les débuts d'un remarquable acteur denis lavant

  9. Comme beaucoup, je découvre ton blog (TV2). je n'ai pas encore tout lu...
    Tu as beaucoup de charme, beau, avec l'intelligence du coeur et de l'esprit (j'aime les gens comme cela!), belle écriture, bon critique...Bref comme l'on dit communément "tu as tout pour toi", sauf si l'on fait abstraction de beaucoup de choses dans notre cerveau (je pense plus particulièrement aux flots de sentiments et émotions, quelques fois contradictoires) qui nous gouvernent quand même pas mal et empêchent de nous épanouir entièrement pour être bien, tout simplement heureux.
    L'écriture (comme tout autre art) est une façon, pour les êtes très réceptifs, émotifs, sensibles, d'évacuer tout le trop...alors, si c'est le cas, écris,écris, laisse toi aller sous ta plume. Et aussi, aie confiance en toi, en ce que tu es, aime toi, c'est primordial!

  10. " Le vent de tes caprices dérive vers cette plage, en un souffle le sept se lève, des souhaits se dessinent pour notre terre, unité, fraternité, sans port d’âme bleu séant. Maître du temps, de l’espace, le six tonne et sort de l’enfer, une lettre de misère, un long silence de désarroi, qui laisse parfois amer le cinq couler en mer, dans son cortège de sortilèges.

    Vingt, dix vins, secrets de familles, rêve d’un chiffre câlin, identique au quatre et ses arrières pensées sauvages : pleure, rage, nage sous le pli de l’ennui, respire…

    Puis le trois, la source, deux frères, une flamme et plus un seul mystère. Une croisière, de la danse sur les flots, lointaine descente vers ce bras de fer, juste un creux, une vague, des étoiles plein la tête, une larme sur l’œil-cœur.

    Un visage sur cette plage, le tien, la marée l’efface, un long songe sans menace.

    La nuit offre cette distance confuse, celle qui entre dans les pores de ma peau, cette mémoire presque morte où résistent quelques images de sirènes, des fruits de nos vacances disparues au fond de l’eau.

    Le sable réfléchit, l’Ô delà s’élève, la douce silhouette de ton esprit, une valse qui rend belle quand elle étonne la nuit et donne ce plaisir de t’apercevoir souriante sans nuage, heureuse, dans cette pluie de miroirs qui sommeillent..."

    in Bleu Terre, Jean-François Joubert, 2010.

    Juste quelques maux, julien, sous votre texte, car je sais que vous en êtes friand, je passerais plus de temps à découvrir ce primate, car je sais que je passerais de bons moments ! merci tout simplement pour ce temps à faire fleurir les mots. cordialment jean-françois

  11. J'ai enfin pu trouver le moment idéal pour lire à nouveau vos textes...entendre la pluie tombée, le ciel gris, une forte envie de s'évader de ce temps et là je me laisse bercer par les mots ! Vraiment superbe ce commentaire on oublierait presque qu'il s'agit d'un film :)) Bonne continuation à vous Julien.

  12. J'adoorreeeee sérieusement!!!!:) On remarque vraiment que vous mettez toutes vos émotions dans vos textes et les traitez avec soin, ce qui les rends vivants et agréables à lire :D J'aime bien lire des genres de texte comme celui-ci, il me fait rêver :) ceux-ci étant dit cette scène est tellement bien décrite qu'en la lisant, j'en est eu les frissons ;) elle ne vous appartient pas par hasard?! :p Sa serait super intéressant si vous écriviez un roman pour ensuite le publier je vous le dit dés maintenant je serai la première à l'acheter. Je vous encourage sincèrement à le faire par ce que je suis convaincu que vous pouvez être l'un des auteurs les plus pertinents et rares à trouver, car les personnes comme vous sont capable d'arriver à un but comme celui la ;)
    Je pourrai vous demandez quelque chose??

  13. Merci encore Fatima ! Pour me demander quelque chose, je vous invite à m'envoyer un e-mail à l'adresse qui figure dans la rubrique "Contact" accessible depuis la barre de menu du blog !

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