Claire obscure…

Claire-Marie Bronx. CMB. Des initiales à faire se gondoler n’importe quel troglodyte barbu à peau grasse des internets + un nom de scène astucieux que n’aurait pas renié Vian. C’est avec cet héritage bâtard que se présente la jeune artiste après avoir tutoyé les feux de la rampe dans une autre vie, concurrente qu’elle fut d’un télé-crochet animé par un bel hellène. Il serait cependant bien injuste de la définir via ce programme qui, s’il lui a apporté un éclairage conséquent, a aussi pour particularité de réfréner toute démonstration d’une quelconque personnalité chez ses étoiles (avec une tonne de guillemets pour la plupart) en herbe… Et de personnalité, Claire-Marie en est douée. J’ai d’ailleurs assez vite compris que contraste serait le mot-clé de la soirée. Dans l’exiguïté d’un bar à vins parisien – Chez Jolie, pour ne pas le citer –, au milieu d’un décor dépouillé qui évoquerait presque l’univers de Michel Gondry avec cette guitare semblant flotter au cœur de la pièce comme par magie, ce support d’enceinte métallique bizarroïde et cette guirlande de plumes suspendue, elle apparait. Toute de noir vêtue, à l’exception d’un voile customisé de tulle blanc. La diction est fluide, la malice infuse. “Lâcher prise total” et “connexion intense avec le divin” sont réclamés par la prêtresse à ses ouailles vautrées sur un mobilier bigarré. Les rires timides se mêlent aux bruits de bouche de cancres trop obnubilés par les copieuses planches de victuailles alors il est temps de prendre les choses en main, à commencer par l’instrument-équilibriste. Des accords qui accompagnent une voix douce et légère, qui se fait biographe de l’interprète. Des morceaux parfois crus (le X de Bronx), rythmés par la gratte et l’alto qui leur confèrent une mélancolie souvent poignante, comme autant de pages d’un carnet intime qu’elle partage sans fard. Elle convoque à son tour de chant expériences (amoureuses) passées, fantaisies (chanson-yaourt qui ne veut rien dire “mais ça fait du bien”) et même un soupçon de féminisme authentique et touchant ; ma fierté mal placée d’homme a été écornée par un refrain en particulier, mais c’est de bonne guerre ! J’ai toujours été trop pudique pour me livrer complètement, aussi, j’ai beaucoup d’admiration pour les personnes capables de le faire. C’est le cas de Claire-Marie qui, loin du voyeurisme et flanquée de ses choristes invisibles, se raconte telle qu’elle est : brute et à fleur de peau. Le monde se divise en deux catégories : ceux qui après avoir souffert se barricadent émotionnellement, et ceux qui laissent sa chance à la vie, au risque d’être blessés à nouveau, mais également d’être surpris. Sans la connaître, je crois qu’elle fait partie de ces derniers, et ces petites tranches de vie qu’elle livre comme des comptines pour adultes sont probablement sa thérapie en même temps que la nôtre. Et par bonheur, la séance est gratuite alors laissez-vous surprendre à votre tour et surtout, respectez à la lettre son injonction : laissez-la rêver…

Claire-Marie Bronx

4 thoughts on “Claire obscure…”

  1. je viens de regarder CMB à la Star Ac en duo avec Elodie Frégé "les petits papiers" merci pour la (re)découverte, c'est dommage ces chanteuses de talent qui restent dans l'obscurité :(

  2. Pas de quoi ! Elle gagne à être vue en live. Si ça reste pour l'instant relativement confidentiel et exclusivement parisien, j'espère que ça va (vite) changer !

  3. Bonjour!
    J ai été très touchée par votre texte, j aimerais prendre contact avec vous!
    Voici mon mail : cm.bron@wanadoo.fr
    Dans l'attente impatiente de votre réponse,
    Claire-Marie Bronx

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