Cahiers de cinéma - Entrée #12…

Pacific Rim (2013) de Guillermo del Toro
Pacific rime à rien…
En tout pile 20 ans, Guillermo del Toro est passé d’un budget de 2 (Cronos) à 200M$. Un type qui a donc désormais beaucoup de pétrole, et plus forcément d’idées. Regarder Pacific Rim, c’est comme feuilleter un album Panini avec une vignette pour chacune de ses influences : Godzilla, Real Steel, Transformers, Avatar, pour les plus récentes et j’en passe. Pas vraiment original. Vous vous souvenez d’Usher qui expliquait à une jeune femme qu’il ne pouvait pas envisager de relation avec elle parce qu’elle lui rappelait beaucoup trop l’une de ses anciennes conquêtes ? Ben là, c’est un peu pareil… Alors, oui, c’est parfois joli si on arrive à mettre de côté le format d’image oppressant en 1.85 et le fait que tout soit filmé de nuit (la nuit, tous les Jaegers sont gris). Ce n’est pas grand chose, d’autant qu’en 2h10, on a aussi le droit à tous les poncifs du genre qui culminent dans la réplique d’un Idris Elba peu inspiré, mais qui balance avec aplomb à défaut de conviction : “Tonight, we cancel the apocalypse!” Annulez juste votre séance, ça devrait suffire…

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The Lone Ranger
(Lone Ranger – Naissance d’un Héros) (2013) de GoreVerbinski
I’m with Tonto
Gore Verbinski a fait un pari : faire le même film à chaque fois jusqu’à ce que quelqu’un s’en aperçoive. Et comme il est malin, pour ne pas se faire gauler, il s’est servi du prétexte de l’adaptation (attraction, feuilleton radiophonique), et il a changé d’environnement (les Caraïbes, l’Ouest américain)… Il aime le danger, aussi, il a embauché Johnny Depp à chaque fois, en lui demandant cette fois-ci d’être un peu plus subtil pour le rôle de Tonto. C’est à moitié réussi, comme le film. C’est plutôt bien réalisé, légèrement sombre (c’est Disney, faut pas déconner non plus), et rythmé, surtout lors du final échevelé et vraiment impressionnant qui donne juste envie de s’exclamer “enfin !”.

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The World’s End
(Le dernier Pub avant la Fin du Monde) (2013) d’Edgar Wright
I remember sitting up there, blood on my knuckles, beer down my shirt, sick on my shoes and seeing the orange glow of a new dawn break and knowing in my heart life would never feel this good again.
Jusqu’à cet été, mon “film d’ivresse” référence était Un Singe en Hiver, la merveille d’Henri Verneuil. Dans un autre style, et dans une moindre mesure, il a désormais un compagnon de beuverie en la personne du dernier volet de la Cornetto Trilogy. Une trilogie conclue de façon fracassante avec ce qui en est l’opus le plus réussi. Évidemment très drôle, il réussit également le prodige d’être touchant, ce qui est plus surprenant. À plusieurs reprises, le film de potes et la parodie SF sont relégués au second plan par une émotion réelle bien que souvent désamorcée rapidement par un rebondissement. Le personnage principal interprété par Simon Pegg s’inscrit dans cette démarche et a des allures de Gatsby en ceci qu’il n’aspire qu’à recréer le passé et ce souvenir parfait, seule chose qu’il lui reste (cf. la réplique ci-dessus) puisqu’il a raté le virage qu’ont pris ses amis (celui de la vie bien rangée). Bien sûr, son côté immature est la  source de nombreux gags qui font toujours mouche (les dialogues sont extrêmement savoureux), mais on sent poindre une variation sur la crise de la quarantaine derrière ces personnages et cette parodie délurée de SF apocalyptique. Le dernier slogan de la crème glacée qui a donné son nom à ce triptyque est “Enjoy the ride, love the ending.” Quelque chose comme ça…

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Pain & Gain
(No Pain no Gain) (2013) de Michael Bay
(In)culture physique
Profitant d’un intermède temporaire dans la saga Transformers, Michael Bay a tourné ce “petit” film  au modique budget de 26M$. Une version personnelle de l’histoire (vraie) d’un gang de culturistes écervelés ayant sévi au milieu des années 90 en Californie. En quête d’argent facile, leurs plans de kidnapping et d’extorsion ne se dérouleront pas exactement comme prévus. La faute à pas d’chance, et surtout à leur propre stupidité car qu’on se le dise de suite, le film entier est un hymne vibrant à la connerie. À l’image des épisodes de Friends qui insistaient plus que de raison sur la bêtise de Joey. C’est parfois gênant. On se prend tout de même au jeu, comme chez les Coen, de suivre l’escalade de la situation, en savourant les numéros d’acteurs (Wahlberg est parfait, The Rock étonnant), et quelques séquences qui ont beaucoup de gueule (à commencer par l’intro, très réussie). Les films de Michael Bay ont souvent été taxés de bêtise. On ne peut pas dire qu’il ait beaucoup œuvré pour prouver le contraire, mais là, il a une bonne excuse. Des bourrins pas malins pour un sou mais qui vont au bout de leur démarche. De là à penser qu’il en profite pour passer un message sur sa façon de voir et faire du cinéma, il n’y a qu’un pas…

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White House Down
(2013) de Roland Emmerich
La fête à la maison
Sortie de La Chute de la Maison blanche : 20 mars 2013. Sortie de White House Down : 4 septembre 2013. Chouette, en moins de 6 mois, on a le droit à 2 films identiques ! Pour ceux qui n’auraient pas compris le scénar du premier : BIM-BAM-BOUM-BAM-PAF-PAF, séance de rattrapage. Si celui de Fuqua était plutôt efficace, celui-ci l’est moins. Heureusement, comme François Hollande à chaque G20, il y a 2 mecs contents d’être là : Channing Tatum qui se prend pour Bruce Willis à lâcher des punchlines en marcel, et Jamie Foxx qui singe Obama. Faudrait lui dire qu’il n’aura pas l’Oscar à chaque fois qu’il imite des gens qui existent. Faudrait aussi dire à Roland Emmerich qu’on est en 2013. Merci.

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Elysium
(2013) de Neil Blomkamp
District neuf
Bon ok, on retrouve les thèmes chers à Neil Blomkamp, les privilégiés d’un côté, les moins fortunés ghettoïsés de l’autre et la lutte des classes qui s’opère entre eux. Ok, c’est moins original que District 9, plus hollywoodien. Ok, le perso principal a un état-civil de mécano portugais (Max Da Costa), quand bien même, Elysium est le meilleur des gros films de l’été et de loin. Pour son baptême américain, le réal sud-africain réussit l’examen de passage avec brio en parvenant malgré une trame éculée à insuffler une belle humanité à son blockbuster. Grâce en partie à Matt Damon, qui en dépit de sa carcasse musculeuse et de son crâne rasé façon Bane, compose un héros tout en vulnérabilité.

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Tip Top
(2012) de Serge Bozon
Je tape et je mate
Vous vous souvenez de la panenka de Zizou en finale de la Coupe du Monde 2006 ? Un geste inattendu qui prend tout le monde à contre-pied, à commencer par Gigi Buffon. Tip Top, c’est pareil, mais en film. Une comédie burlesque qui est partout où on ne l’attend pas. En voyant François Damiens à l’affiche, on pense à une farce bien grasse. Que nenni ! Ici, tout est en rupture, non-sens… Le synopsis n’est qu’un prétexte (on ne saura même jamais le fin mot de l’histoire) à un enchaînement de saynètes complètement allumées. Et drôles. Le trio principal s’en donne à cœur joie, Huppert volant presque le film en super-enquêtrice de l’IGS froide et amoureuse du protocole. Kiberlain et Damiens s’en sortent bien et justifient le voyage qui,  comme le veut l’adage, importe parfois plus que la destination.

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Eyjafjallajökul
(2012) d’Alexandre Coffre
On s’envole quand ?
L’exemple de mise en abyme par excellence : l’éruption d’un volcan IKEA paralyse le trafic aérien quand dans le même temps le manque de maîtrise de l’écriture empêche totalement cette comédie de décoller malgré quelques passages vraiment réussis et quelques bonnes idées (Denis Ménochet en illuminé). C’est fort dommageable car le couple vedette Valérie Bonneton/Danny Boon est extra !

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We’re the Millers
(Les Miller, une Famille en Herbe) (2013) de Rawson Marshall Thurber
Le blé en herbe
Quand vient la fin de l’été, voilà que se pointe la dernière (dans le sens plus récente) itération de la comédie transgressive ricaine. Un peu dans la veine de Comment tuer son boss ? qui avait été la belle surprise de l’été 2011. On y retrouve d’ailleurs Jennifer Aniston qui confirme les prédispositions entrevues. Bien aidée par un Jason Sudeikis qui excelle en dealer-loser-faux-père-de-famille vanneur hors pair (bien que la portée des dialogues ultra-référencés soit souvent atténuée par des sous-titres qui flirtent avec le faux-sens et l’adaptation ratée). Autour d’eux, quelques seconds rôles font le boulot et si tout se met un petit peu trop vite en place sur la route des bons sentiments finaux, on passe un bon moment jusqu’à cette séquence méta qui clôt le gag reel pré-générique. Mots-clés : Friends, nostalgie, choupinou…

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