Dans l’mille, Emil…

J’avais 10 ans le 17 novembre 1993 lorsqu’Emil Kostadinov a expédié, en même temps que son ballon sous la transversale de Bernard Lama, le rêve américain de l’équipe de France. Je ne m’intéressais pas encore au football à proprement parler, qui se limitait pour moi aux parties endiablées de la cour de récré, et c’est bien plus tard que j’ai pris conscience de cette “catastrophedixit feu Thierry Roland. Pour avoir revu récemment les images, j’ai été frappé par le fatalisme dans la voix du duo Larqué-Roland au moment du drame. Comme si tout était écrit à l’avance. Peut-être parce que ces quelques secondes sont un condensé d’un sport français pas encore triomphant : du panache inconsidéré dans le centre au troisième poteau de Ginola qui refuse la mesquinerie d’un gain de temps près du poteau de corner, et derrière la punition froide de réalisme et de déterminisme que le tacle désespéré (et dangereux) de Laurent Blanc ne parvient à empêcher. La vindicte du sélectionneur d’alors, Gérard Houllier, n’aura qu’une seule et unique cible : David Ginola, à qui il attribue la responsabilité du revers : “Il a commis quelque part un crime contre la cohésion et l’esprit d’équipe. À partir du moment où un joueur ne respecte pas le groupe, ne respecte pas la solidarité du groupe, ou la menace, à un moment aussi important que celui-là, je dis : c’est grave !” Ça ne vous rappelle rien ? Un arrière un peu gauche dans sa communication + une interview incendiaire dans un magazine dominical. Et ce n’est probablement pas un hasard car on le sait, si l’histoire ne se répète pas, elle bégaie. Le 20ème anniversaire de ce France-Bulgarie étant calé pile-poil au milieu du barrage des Bleus pour le prochain mondial brésilien dont la première manche se dispute en Ukraine ce soir. L’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube : Séville ‘82 a précédé la victoire à l’Euro 84 organisé en France, la Bulgarie en 93 celle au Mondial 98 également organisé en France. Que l’on aille ou non au Brésil, l’Euro 2016 se disputera dans l’Hexagone… Je dis juste ça à titre informatif au cas où la grande histoire aurait choisi les quelques jours qui viennent pour avoir le hoquet. Car rappelons que le meilleur joueur ukrainien actuel, Iarmolenko, partage la dernière syllabe de son patronyme avec la première de celui du fossoyeur bulgare. Le diable est dans les détails parait-il... C’est ce que je me suis dit en constatant qu’à l’origine et la conclusion de la contre-attaque se trouvaient deux joueurs prénommés Emil, mais surtout lorsque l’extrait YouTube de l’époque s’est achevé sur cette terrible dernière image : la déception d’un joueur se cachant le visage dans un geste où la détresse le disputait à l’incrédulité en regagnant les vestiaires du Parc des Princes d’un pas mécanique. Un joueur qui n’était autre que Didier Deschamps…

France-Bulgarie-93

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