En attendant Pauline…

Je hais les dimanches. Genre vraiment. Ce jour de la semaine qui a la même tronche que Francis Gillot après une défaite des Girondins. Ou un nul. Ou une victoire. Dimanche. Les bobos brunchent, les prolos flunchent… Et moi, j’attends la fin de Dimanche Martin pour mater MacGyver sur Antenne 2, je vends des pompes de foot à des pointures du Golfe sur la plus belle avenue du monde, je pourchasse un ballon de feutrine avec ce que je pense être de la dextérité, et autres dérivatifs opposés à cette aversion dominicale. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Parce que l’on a voté dimanche dernier pour les élections municipales, et qu’on se situe à l’entre-deux-tours. L’entre-deux-tours, c’est exactement comme l’entre-deux-guerres, sauf qu’on sait à l’avance qu’il y aura un deuxième tour.

Je ne vais pas vous parler de politique, j’ai à peu près autant envie de commenter les résultats que d’aller m’installer à Hénin-Beaumont. C’est juste que je suis passé de l’autre côté de la majorité fin 2001, et que depuis les élections présidentielles de l’année suivante, j’ai le droit de voter. 58 ans après les femmes, je crois que je me suis fait arnaquer quelque part… Ce scrutin présidentiel, c’est également le premier que j’ai vécu en tant qu’agent de bureau de vote. Au départ, c’était ni plus ni moins qu’un job étudiant rémunérateur très occasionnel, puis c’est devenu un moyen d’occuper mon dimanche et de participer à la vie citoyenne du quartier. Un peu comme le mec qui s’abonne à Canal pour le porno et qui finit par ne plus regarder que les documentaires. Ce 23 mars, c’était la vingt-deuxième fois que j’enfilais mon costume d’agent. Ça ne veut pas dire que je me sers de l’isoloir pour arracher ma chemise et en ressortir en collants. C’est pas exactement ça, c’était une façon de parler, bien que des super-pouvoirs ne seraient pas superflus pour affronter des journées épiques qui débutent à 6h45 pour s’achever – au mieux – à 22h.

Moi, si je devais résumer ces journées aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu leur carte électorale à un moment où je leur demandais, des gens qu’on finit par connaitre : la petite mamie qui a foulé ce préau à l’époque de la guerre et qui avait vu débarquer les Allemands dans la cour de récréation, celle qui ne manque jamais de nous offrir un bonbon en repartant (parce que les fleurs, c’est périssable), celui qui vote pour la première fois et qu’il faut guider (né en 84 jadis, en 96 aujourd’hui), celle qui nous demande de tenir son chien et/ou de veiller sur son cabas, ceux qui veulent voter sans pièce d’identité parce qu’ils sont “connus” ici, le couple qui revient de la messe, celui qui y va, le candidat qui snobe le petit personnel sans se présenter pour aller directement vers la présidente, celui qui se présente avec un sourire aussi franc que ses espoirs d’être élu sont minces, les parents qui viennent avec leur gamin pour lui montrer comment tout ceci fonctionne et où tu te dis que ce serait vraiment trop cool qu’ils lui présentent l’urne en disant “ça porte le même nom que le truc dans lequel on a mis mamie”…

Bref, entre les croche-pieds aux mômes qui courent partout et les concours d’avions en papier avec les bulletins, on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. D’autant que chaque élection est différente, et celle-ci l’était un peu plus que les autres. Grâce (et le mot est bien choisi) à la présence en tête de liste EELV de mon arrondissement de Pauline Delpech. L’objet d’un crush d’adolescent lorsque j’ai croisé sa jolie silhouette de brune aux yeux de chat au détour d’un crochet impromptu par France Télévisions. J’avais fondu. Un peu. Suffisamment. Un échange de tweets plus tard, et l’esquisse d’une promesse de rencontre fortuite *clin d’œil appuyé*. Las, elle n’est jamais venue. Si pour la petite mamie, l’école élémentaire du boulevard Bessières est une madeleine de Proust, Pauline, vous serez ma Madeleine de Brel…

Hasard du calendrier, cela fait aujourd’hui 6 ans jour pour jour que s’est éteinte à jamais la voix de Thierry Gilardi, autre grand artisan anti-morose dominicale lorsqu’il était à la tête de l’EDD. Si tu votais pour la première fois dimanche, tu ne dois pas savoir de qui je parle, et c’est bien dommage. Je vais pas tout te montrer, t’as Google, c’est encore plus simple que de voter. Pour faire simple, sache que c’est un mec qui manque. Terriblement.

Les gens absents
C'est bien ça l'ennuyeux
Ils tournent tout le temps
Là devant nos yeux
On croyait défaire
L'étreinte d'un coup sec
Et puis finalement
On se réveille avec…

BV19

5 thoughts on “En attendant Pauline…”

  1. Il y en a tout plein ici : https://www.facebook.com/unprimatesanscravate ! Merci de la visite en tout cas !

  2. Je tiens juste à dire que Francis Gillot a la même gueule un soir de victoire qu'un soir de défaite! :D

  3. Batignolles,boutique de pompes....bien dommage d'habiter dans le 17 ième et de pas t'avoir rencontré!

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