C’est des idées d’un autre monde…

À Corinne

Un début de janvier, si j’ai bien su compter. Réveillon bruxellois entre overdose de chocolats et longs métrages : crise de foie en 24 images par seconde. Tu ne peux pas repartir d’ici sans avoir vu ce film, m’as-tu dit. Pas d’objection à opposer à cette injonction, votre honneur ! Un Singe en Hiver, c’est Gabin, Bébel, Verneuil et la gouaille d’Audiard père. Noir et blanc classieux, verbe soyeux, et la mélancolie. Partout. Au détour d’une rue déserte de Tigreville sous la pluie, comme dans le bar d’une maison de passe. L’alcool est le passeport du voyageur immobile. Quentin boit pour se souvenir, Fouquet pour oublier. Rencontre improbable et unique, d’autant plus forte que l’un attendait l’autre. Sans le savoir. L’amitié ne prévient pas, ne s’annonce pas. Si le facteur sonne toujours deux fois, elle, préfère jaillir subrepticement puis s’installer sans bruit, avec le même bonheur que le lecteur qui s’enfonce dans son fauteuil à mesure qu’il avance dans un bon bouquin. Près de 5 ans plus tard, on a tourné quelques pages et je ne sais toujours pas si j’ai été ton singe en hiver ou si tu as été le mien. Le film n’a pas non plus lâché son emprise sur moi. Je l’ai revu il y a quelques jours en salles, tu sais. J’ai ri de bon cœur, guetté ces plans magnifiques, ces dialogues que j’ai fini par connaitre sur le bout des doigts, cédé à cette nostalgie d’une époque révolue qui n’a jamais été la nôtre et retenu mes larmes une paire de fois. “C’est des idées d’un autre monde”, rétorque Gabin à la douce Suzanne Flon. Quelque chose comme ça…

Merci pour le voyage,

Julien

un-singe-en-hiver-1962

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