Ce mardi 16 octobre, jour béni pour le rayonnement culturel de notre pays qui a vu naître Pascal Sevran, Marc Lévy ou encore Christophe Maé, l’équipe de France défiait à Madrid la grande Espagne – première au classement FIFA, championne du monde (2010) et double championne d’Europe en titre (2008, 2012) – en troisième match qualificatif pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil.
À la vue de ce CV long comme Ibra, on ne peut pas dire que les Espingouins soient manchots, et la tâche du XI tricolore s’annonçait pour le moins ardue. Sauf que pour toute une génération, le mardi, c’est permis. Permis de rêver, d’espérer… C’est probablement à Jean-Claude Dus que l’on doit ce qui aurait fait une excellente causerie d’avant-match : “Écoute Bernard, j'crois qu'toi et moi on a un peu l'même problème, c't-à dire qu'on peut pas vraiment tout miser sur notre physique, surtout toi. Alors si j'peux m'permettre de t'donner un conseil, c'est oublie qu't'as aucune chance, vas-y, fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher...”
D’autant que le niveau de jeu de la Roja a significativement baissé (ils partaient de très haut, certes), et qu’il est extrêmement savoureux d’évoquer les Bronzés au moment d’affronter une sélection dont l’ancien sélectionneur avait, circa 2005, qualifié Thierry Henry de “negro de mierda”. Classe…
Le match
-10è : Première vanne Téléfoot par Christian Jeanpierre (CJP) : “Match d’une importance capitale”. On joue à Madrid, t’as pigé ? Il enchaîne “Est-ce qu’Arsène la France a les moyens de faire match nul ce soir ?” C’est pas français, mais cette question défaitiste l’est bien, alors ça compense…
-9è : Arsène Wenger à propos de la charnière centrale : “Ce sera plus un jeu de placement et de lecture du jeu.” Hum… Lecture ? Il n’y a que moi qui angoisse là ?
-9è : CJP : “Les joueurs n’ont pas voulu répondre avant le match, ils sont déjà extrêmement concentrés évidemment.” Cons, centrés, où l’on reparle de la charnière centrale…
Lorsque Guy Stéphan évoque le “don de soi” au micro de Frédéric Calenge, on se dit tous que l’absence de Rami est vraiment dommageable.
-7è : Apparemment, c’est un concours de vannes sur le niveau intellectuel des Bleus. Liza : “Bien alimenter nos flèches Ménez, Ribéry et Benzema.” Ladies and gentlemen, we have a winner!
-3è : CJP : “Alors que le Président Juan Carlos, le Président de l’Espagne…” (sic)
-2è : C’est l’heure des hymnes nationaux. La Marseillaise d’abord, Gonalons enfants de la patrie… Sakho se lèche les lèvres pour ne pas être pris en flagrant délit de lipdub, ou parce qu’il a repéré quelques alléchants genoux et tibias dans le camp d’en face, je ne sais pas.
Dans les tribunes, les 1000 supporters français ne sont pas en reste. Un beau drapeau tricolore estampillé “Allez les Bleus – Dunkerque” est déployé. Je ne dis rien, je constate.
CJP : “La poignée de main sympa entre ViNcente Del Bosque et Didier Deschamps.” Tu m’étonnes, Vincent Du Bois et Didier Deschamps, z’étaient faits pour se rencontrer !
Annonce des compos. Liza : “En défense côté français, y’a le retour de Patrice Evra.” + “Ce qu’il est important de dire, Christian, c’est qu’il y a le retour de Patrice Evra.” Deux retours d’Evra en défense, c’est plus que dans l’ensemble de sa carrière en bleu : la soirée s’annonce bien !
0è : La France donne le coup d’envoi. C’était ça le plan de Deschamps pour avoir le ballon ? Ça plus l’engo après chaque but encaissé : pas con !
1è : Les Espagnols ont mis le pied sur le ballon, et des “¡Olé!” descendent déjà des tribunes. L’Ibère est précoce.
2è : Xavi (et deviens) pour Xabi Alonso, pour Fabregas, festival du Barcelonais repris in extremis par un tacle opportun de Sakho. Première mèche.
4è : Huitième passe en profondeur qui finit directement en renvoi aux 5,50 m. En hommage à son adversaire, c’est un début de mandat compliqué pour le côté gauche espagnol.
8è : Wenger sur Arbeloa : “C’est lui le plus juste dans la relance.” Ah bon, il a pas d’prénom ?
10è : David Silva en a déjà vu assez, il préfère rentrer aux vestiaires.
11è : “Il a une dégaine caractéristique, même quand on est à 150 m de lui.” CJP à propos de Cazorla qui s’échauffe et va remplacer Silva. Il a du nez, il a senti Cazorla.
Le bandeau Keljob.com fait son apparition en même temps que le score sur l’écran. Les gars, c’est pas cool pour Didier, ça fait que 3 mois qu’il est là…
12è : “C’est un rythme de possession, mais pas beaucoup de pénétrations.” Wenger n’aime pas quand les préliminaires durent trop longtemps.
Sinon, au cas où vous vous demandez, oui, Ménez peut se dribbler tout seul : il glisse après avoir feinté Jordi Alba.
13è : Premier beau mouvement français. Entrée de Cazorla.
14è : Le match s’emballe avec Alba !
15è : Frappe cadrée de Cazorla qui finit dans la niche de Lloris.
16è : Possession de balle : Espagne 74/France 26. Allez jouons, est-ce qu’on aura d’abord l’arbitrage vidéo, ou le foot à 2 ballons ?
22è : Quelqu’un a des nouvelles de Karim Benzema ? Parce qu’entre un faux gardien de Tottenham, un Fabregas qui joue en faux avant-centre, ça fait beaucoup.
24è : Liza : “Ce que l'on voit jusqu'à présent correspond, on va dire, à la qualité de cette équipe de France.” On voit pas grand chose...
25è : But de Ramos sur un corner inexistant. Si quelqu’un pouvait expliquer à la défense française qu’il n’y a que sur pénalty qu’un même joueur ne peut reprendre le ballon après avoir frappé le poteau, ce serait sympa. Merci. 1-0.
Sur le but, Ramos est le seul à sauter, il a le temps de prendre sa tête à deux mains sur le coup de la déception du poteau, et malgré tout cela, il est le premier à catapulter le ballon sous la barre de Lloris. Au nez et à la barbe de Sakho qui croit sans doute que les blancs ne savent pas sauter…
30è : Liza : “Quand on assiste à l’entrainement des Espagnols…” Mais c’est le cas ce soir !
33è : Ribéry lance Benzema qui adresse une frappe à ras de terre vicieuse du gauche à Casillas, son partenaire de club, qui la détourne en corner. Quelques secondes après avoir été frappé, le ballon se retrouve dans les pieds de Lloris. Si on vous demande, vous direz que vous ne savez pas.
37è : Drop d’Iniesta, pourtant bien décalé. L’important, c’est les 3 ponts !
39è : Faute sur Benzema, le coup-franc est frappé par Cabaye qui trouve Benzema au second poteau dont la remise de la tête est reprise par Ménez. But. Non, hors-jeu, demandé par Sergio Ramos allongé sur la ligne de but qui couvre les 550 000 km² de la France métropolitaine.
41è : Koscielny, vraisemblablement branché sur le réseau 3G de Tulle et donc en retard, fauche Pedro. Pénalty + carton jaune. Canaries : 1 – Corrèze : 0.
42è : Lloris détourne le pénalty de Fabregas. Brad qui ?
43è : Question SMS du jour : “En quelle année la France a-t-elle remporté l’Euro face à l’Espagne ?” Ceux qui se plaignent que les questions de jeu sont inutiles, ici on a 2 informations capitales : la France a déjà gagné quelque chose, et surtout a déjà battu l’Espagne.
45è : Spectaculaire double arrêt de Lloris qui s’interpose d’abord devant Pedro, à la suite d’un une-deux à contretemps avec Xavi, puis Fabregas. Brad qui ?
45è + 1 : Faute sur Iniesta et carton jaune pour Gonalons, qui comme tout bon joueur de foot sale, sait mettre la semelle.
MI-TEMPS
49è : Penser à expliquer à Debuchy que 3 est plus grand que 1. Passer entre 3 joueurs à 20 cm de la touche, si ce n’est pas impossible, c’est quand même difficile.
50è : Busquets met une semelle à Ribéry… et s’effondre au sol. Le Français est sanctionné. Merci au tibia de Ribéry de ne pas abîmer les crampons du joueur espagnol. La direction.
Entrée de Juanfran dont l’état-civil complet est Juan Francisco Torres Bélen. Un peintre, un buteur et une WAG à lui tout seul : respect !
52è : Benzema est repris par Jordi Alba qui a un prénom aussi pourri qu’il est talentueux. Comme quoi vaut mieux s’appeler Jordi que lui ressembler. Poke Benoît Pedretti.
57è : Gonalons (1,87m) est remplacé par Valbuena (1,67m) juste avant un corner pour l’EDF. Judicieux.
61è : Jaillissement de Matuidi qui lance immédiatement Benzema dans la profondeur. Il est repris par un tacle par derrière de Xabi Alonso, son coéquipier, qui prend tout sauf le ballon.
62è : Xavi est idéalement servi par Pedro, mis tergiverse. Il est rattrapé par Koscielny : Corrèze : 1 – Catalogne : 0.
65è : Ribéry déborde et adresse un centre au cordeau pour Benzema qui n’a plus qu’à reprendre dans le but vide. Jordi Alba qui a décidé que Karim sonnait mieux qu’Allison intervient superbement.
68è : Ménez est remplacé par Sissoko. Belle inactivité du Parisien.
70è : Nouveau décollage de Ramos sur corner qui se place pour la jaquette du prochain NBA Live. Seulement EA Sports hésite entre lui et les ballons qu’il frappe…
72è : Iker Casillas vient de passer les 800 minutes sans encaisser de but avec la sélection espagnole. La France aussi aime les cages inviolées, mais celle de ses adversaires. On n’a pas le même maillot, mais on a la même passion !
73è : Benzema à la limite du hors jeu offre une galette à Sissoko seul au deuxième poteau. La volée du milieu s’envole dans le ciel madrilène. Stade Toulousain represent! Au départ, cette action part d’une n-ième récupération de Matuidi, très à l’aise ce soir.
76è : Torres fait son entrée en jeu pour recevoir l’ovation du Vicente-Calderón.
80è : Sublime contrôle en aile de pigeon de Benzema. Inutile, évidemment, mais l’art doit-il exister pour autre chose que lui-même ?
83è : Problème de micro pour CJP que l’on n’entend presque plus. Si l’équipe de France ne parvient pas à trouver la solution, ce n’est pas le cas pour la technique. Well done!
88è : Giroud entre en lieu et place de Benzema.
90è : On en parle de la frappe dévissée de Sissoko ? Non, hein ?
90è + 4 : Contre d’Evra, Sissoko lance Ribéry qui dépose le ballon sur le crâne de Giroud au point de pénalty qui, d’une tête ajustée, trompe Casillas au bout du suspense. 1-1.
Une égalisation providentielle qui sera sans doute ternie par des allégations de paris illicites concernant la compagne d’Olivier Giroud dans les semaines à venir. À moins qu’il n’y ait suffisamment de distance entre Montpellier et Londres…
Réponse d’ici le 26 mars 2013 et le match retour. 15 ans après le mémorable France-Espagne du 28 janvier 1998. Un match de gala qui célébrait l’inauguration de l’enceinte dyonisienne. C’est beau, mais pas autant que la promesse de CJP avant de rendre l’antenne : “On en a perdu la voix !” Si seulement…
merci pour ce résumer de match et tes vannes sympathique
Bravo pour ce commentaire du match qui correspond bien à ce qu'il s'est passé!!!
Et merci pour le commentaire des commentaires, très drôle!!
Enfin un résumé de match que l'on peux lire avec le sourire, pas grâce aux bleus mais à vous !!! Merci Julien ...
Super commentaire de ce match. Tu as oublié les panneaux publicitaires du type "le chorizo Elpozo".
En espérant te voir réellement un commentaire de match, télé ou Radio.
bravo pour ce petit moment de détente!!! à bientôt pour d'autres commentaires aussi originales
J'adore et j'adhère totalement aux vannes ! Nombreux sourires pdt la lecture :)
Merci à tous ! Il est rassurant de savoir qu'on pourra toujours se marrer en regardant les Bleus, même si ce n'est plus à cause du niveau de jeu...
J'ai bien aimé le fighting spirit des 20 dernières minutes de ce match... Mais je préfère, de loin, tes commentaires :) !!
Merci Julien;
Bonjour Julien,
Je n'y piqe rien, au foot. En revanche, même si c'est l'unique sujet de ton billet, quel plaisir de te lire.
Braaaavooo Frerooo !Encore enorrrme ! Pas besoin de te dire que j'etais MDR pendant tout l'article !!! Aaah vivement le next !!
Merciii tous !
Je suis moi-même pigiste pour le service sport d'un quotidien et c'est un plaisir de lire des billets de ce type. Cela change des commentaires habituels sur l'équipe de France. Et surtout, cela résume parfaitement un match des Bleus sur TF1: une franche partie de rigolade! Entre les deux/trois (Arsène Wenger ne dit pas grand chose et est plutôt pertinent dans ses commentaires) au micro qui parlent pour ne rien dire (perso j'ai opté pour le visionnage sans son), et les 11 rigolos qui sont sur le terrain, on est bien servi!
Fin connaisseur. Merci!
C'est moi qui te remercie ! Pour quel quotidien travailles-tu ?