Cahier de Mondial – Entrée #1 : “Dubrovnik, ta mère !”

Voilà, c’est parti ! Après 4 (trop) longues années d’attente, Jennifer Lopez, Pitbull, l’inconnue au bataillon Claudia Leitte flanqués de la MJC de São Paulo mobilisée pour l’occasion, ont donné hier, 12 juin 2014, le coup d’envoi officiel de la XXè édition de la Coupe du monde. De football, oui. Un indigent spectacle de fin d’année, un match sous haute tension, un arbitrage “à la maison” sont venus gâcher la fête et quelque peu doucher l’enthousiasme des passionnés. Perso, ça m’a surtout donné l’idée de cette chronique dans laquelle je viendrai vous raconter mon mondial à moi. Pendant 32 jours, vous allez voir avec mes yeux, quoi. Je vous préviens, je suis myope…

Brésil_Croatie_12062014

Si tu écoutes les gens qui courent après autre chose que le bus, ils te diront tous que le plus dur, ce sont les derniers hectomètres. Quand tu devines presque la ligne d’arrivée. Pour l’entre-deux-coupes du monde, c’est exactement pareil. D’autant qu’à la différence de l’Avent, tu n’as même pas de petits chocolats pour récompenser ta patience. Juste un amuse-gueule avec le Championnat d’Europe. Alors généralement, tu commences à faire des bonds lorsqu’arrive le mois de juin des années paires. C’est souvent à ce moment-là que tout un chacun devient – par la grâce d’un opportunisme décomplexé – expert ès ballon rond. Ce que je ne prétends pas être, je supporte l’OM, c’est te dire...

Bref, ce Jeudi – plus saint que noir – a fini par arriver. Un début de mois curieux où Jean Charles a abdiqué avec quelques semaines d’avance sur sa Roja, où le gotha mondial est venu commémorer dignement un fringant septuagénaire sur fond d’escarmouche entre Barack et François au sujet de son PEL à la BNP, et où la famille la plus exposée de notre cher pays communique désormais par lettres ouvertes interposées, quelque chose au sujet du Skyblog de papa supprimé sans préavis par son ingrate de fille. Le monde à l’envers. Au royaume des Internets, les borgnes ne sont plus rois…

Sans transition aucune (quoique), passons à Pitbull et aux autres GO de cette cérémonie d’ouverture. Quelques minutes avant son lancement, Alexandre Ruiz a annoncé sur l’antenne de Bibine Sports – hashtag #LECLUB – qu’elle n’excèderait pas la demi-heure. Bonne nouvelle car en la matière, la longueur (durée) n’est pas nécessairement synonyme de bonheur. En revanche, la taille ça compte, comprenez l’ampleur, l’ambition, petits coquins. Sur les coups (!) de 20h14 – comme 2014, sont forts ces Brésiliens – , on a vite compris qu’on regretterait amèrement celle des JO de Londres, modèle du genre. Des personnes qui s’agitent afin de rendre hommage au Brésil, à la nature et à la musique en 3 tableaux. Mouais. Pour les couleurs locales, on a débauché les percussions du groupe Olodum, ceux-là mêmes qui avaient accompagné They don’t care about us de Michael Jackson, morceau sur lequel vous avez très probablement fait du yaourt, à moins d’être intolérants au lactose…

“Ole ole ole ola. Ole ole ole ola. Ole ole ole ola.”

La sphère qui trônait au milieu de l’enceinte s’est ensuite ouverte plus amplement en de superbes tranches de melon pour laisser apparaitre Claudia Leitte lookée 70’s d’abord, suivie de la carte de visite du chirurgien de Jennifer Lopez puis de Pitbull dans un ensemble polo du marché-pantacourt/chino blanc-mocassins à rendre jaloux Vincent Lagaf’. Ce fut l’heure de gloire de la section zumba locale, se déhanchant comme jamais au son d’un playback reproduit par une sono dont la qualité acoustique ferait passer n’importe quelle salle polyvalente communale pour la Pleyel. Pour les amateurs de chiffres, sachez que ces quelques minutes ont coûté la bagatelle de 9M$. Si tu penses, comme moi, que c’est Bygmalion qui a facturé, tape dans tes mains, clap, clap…

Fort heureusement, tout ceci n’était que prolégomènes (je pose ça ici) au premier match de la compétition, Brésil/Croatie. Instant frisson lorsque les joueurs et les supporters ont repris à l’unisson et a cappella l’hymne national brésilien. Un immense karaoké de stade (poke Christiane Taubira) qui a dû plaire à la Claudia Leitte susmentionnée, ex-coach The Voice Brasil (je me suis renseigné entre-temps).

On a vu des joueurs auriverde au bord des larmes en pénétrant dans l’arène, investis et concernés au point d’inscrire eux-mêmes tous les buts du match qui a suivi. Très tôt, Marcelo – dans la plus pure tradition sud-américaine – a commis un petit affront national en trompant son propre gardien (0-1, 11’). Impair rattrapé par une frappe aussi dévissée que chirurgicale de Neymar Jr. sur laquelle le gardien croate a mis autant de temps qu’un colissimo sous-affranchi pour se coucher (1-1, 29’). Portier qui, jadis, figurait sur les tablettes de l’OM. Il lui aura fallu quelques 13 années pour se montrer digne du club ! Mais que dire de la clémence/complaisance/appelez ça comme vous voudrez de l’homme en noir, Yuichi Nishimura, qui a débridé la rencontre en accordant un penalty imaginaire à Fred, transformé par Neymar (2-1, 71’) avant de fermer les yeux sur une charge irrégulière précédant le troisième et dernier but brésilien d’Oscar (3-1, 90’+). Et pour le geste commercial, un but refusé à la Croatie, qui rit jaune. On passera sur le coup de coude de Neymar Jr., le tacle de David “Tahiti Bob” Luiz, ce n’est pas non plus un cahier de doléances balkaniques. Tout fout le camp, même les cheveux de Luka Modric, putain...

“If that's how you start the World Cup, we may as well give up and go home now.”

Avec beaucoup d’imagination, il se trouvera peut-être une obscure chaine de télévision dont les images inédites apporteront la preuve matérielle de la prétendue faute. Un cas de figure qui rappelle étrangement le penalty accordé à la Norvège face à ces mêmes Brésiliens il y a 16 ans… Pourtant, on aurait dû se douter qu’un duel d’anciens lyonnais (Lovren/Fred) finirait par une décision arbitrale foireuse… En attendant, on avancera poliment que le vent souffle parfois très fort sur l’Arena Corinthians de São Paulo, et que dans une Seleção où figurent Oscar et (Júlio) César, on n’a certainement pas fini de voir du cinéma…

Un qui n’a pas attendu, c’est Nico Kovac, jeune sélectionneur croate, sorte de mélange entre Joseph Gordon-Levitt et Hervé Renard, qui a (déjà) dégoupillé en conférence de presse arguant que, puisqu’il en était ainsi, il fallait directement donner le trophée au Brésil. Ambiance.

Je ne sais pas ce que j’ai le plus détesté entre voir Kaká, qui synthétise tout ce qui manque à ce Brésil, en vulgaire supporter ou d’avoir, l’espace d’un instant, regretté l’absence de Michel Teló tant la qualité du spectacle inaugural était médiocre. J’ai un petit mois pour me décider. Pour le moment, je vous donne rendez-vous au prochain épisode !

À tantão…

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