Cahier de Mondial – Entrée #23 : “Boys do cry”

Nous sommes le vendredi 4 juillet 2014, et cela fait 18 ans que Will Smith nous a sauvés d’une invasion extra-terrestre, bonjour ! Incidemment, c’est aussi le deux cent trente-huitième anniversaire de la signature de la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique et le dixième de son vol par Nicolas Cage. En astronomie, ce jour marque le passage de la Terre à son aphélie. Ce terme – qui n’a strictement rien à voir avec une chanteuse ringarde à forte poitrine – désigne le point de l’orbite d’un objet céleste où cet objet est le plus éloigné de son étoile centrale. Une jolie métaphore pour la planète bleue, jamais aussi loin de son étoile après une défaite face à l’Allemagne, éternelle fossoyeuse des espoirs tricolores. Le football est cruel et ce n’est pas l’exemple de Robert Louis-Dreyfus, parti un 4 juillet 2009 à quelques mois d’une saison couronnée de succès de la part d’un club dans lequel il aura longtemps investi en vain, qui pourra contredire cette affirmation. Il a suffi d’un coup de tête de Mats Hummels à la maudite treizième minute de jeu pour faire voler en éclats le rêve qui commençait gentiment à naître. Le match fut loin d’être mémorable, ce qui l’est, en revanche, c’est la réaction d’Antoine Griezmann, qui a éclaté en sanglots, nous rappelant instantanément qu’il n’était qu’un môme de 23 ans qui venait de perdre une partie de ses illusions. Un sentiment profondément humain qui marque dans un milieu qu’on taxe bien volontiers de cynisme – et souvent à juste titre. On en oublie un peu vite que ce ne sont là que des hommes, bien avant d’être un chiffre astronomique en bas à droite d’une fiche de paie. Il n’y a par ailleurs pas de distinction dans la détresse, elle a étreint le numéro 11 des Bleus comme elle s’est emparée de James Rodríguez dont la belle sélection colombienne a été défaite par les Brésiliens plus tard dans la soirée. En 4 mots comme en cent : voilà, c’est fini…

FRANCE 0-1 ALLEMAGNE / HUMMELS 13’

France_Allemagne_04072014

Merci Hugo, Mathieu, Patrice, Raphaël, Mamadou, Yohan, Rémy, Mathieu, Olivier, Karim, Antoine, Rio, Eliaquim, Blaise, Bacary, Stéphane, Lucas, Moussa, Paul, Loïc, Laurent, Morgan, Mickaël, Didier, Guy, le reste du staff technique, les fonctions support, le chef de presse, les gens de Ribeirão Preto, et tous les autres qui ont participé de près ou de loin à cette aventure. Merci pour tout. Pas vraiment le cœur à faire des vannes après ce match hyper frustrant, juste cette sale impression d’être tombé sans avoir vraiment combattu et ce putain de blues insidieux qui s’installe…

Depuis le début du Mondial, c’est seulement le deuxième match que je regarde sur TF1 après Équateur/France. Faut-il y voir un signe ? Tout ce que je sais, c’est que j’ai suivi ce France/Allemagne depuis le plateau de Tout le monde veut prendre sa place, ambiance fin de tournage pour les vacances. Ce n’est pas pour autant que les Bleus ont pu la racheter, leur place en demi. De mon côté, j’ai quitté les lieux les yeux dans le vague, plein de mélancolie avec une impression tenace de déjà-vu… Il parait que l’on tombe pour apprendre à se relever, c’est Alfred qui l’a dit dans Batman. Il y a une jolie occasion de le faire dans 2 ans. On prend date, les mecs !

BRÉSIL 2-1 COLOMBIE / T. SILVA 7’, DAVID LUIZ 69’, RODRÍGUEZ 80’

Brésil_Colombie_04072014

La relation entre les 2 joueurs qui composent la charnière centrale d’une défense est toujours particulière. Complicité, complémentarité, solidarité, stabilité… Il existe tout un tas de mots avec tout un tas de syllabes pour décrire les éléments qui conditionnent le succès d’une paire. Il a fallu 7 minutes à Thiago Silva pour marquer le même but que David Luiz lors du tour précédent. À ce niveau, c’est carrément du mimétisme. Bon, tout le monde a vu que c’était un Chilien qui avait marqué contre son camp, sauf ces messieurs de la FIFA qui ne semblent chausser leurs lunettes que pour aviser le montant des pots-de-vin. Mais le capitaine de la Seleção s’en fout, il s’est lancé seul le défi de marquer le but le plus pourri, du geste le moins franc possible. Parfait pour démontrer sa résolution très modérée après les critiques dont il a fait l’objet.

Grand romantique, son futur coéquipier au PSG David Luiz a choisi la soixante-neuvième minute pour doubler la mise d’un maître coup-franc de 30 mètres du “plat” du pied. Vous avez bien lu, Tahiti Bob frappe de pareille distance de l’intérieur du pied, tranquille. En gros, si t’es footeux du dimanche, tu sais qu’avec cette surface, au mieux, tu peux faire de belles passes au gardien adverse. Libre à toi de tenter le même tir, sois juste bien sûr de faire le pot de départ de tes adducteurs avant. Cette action a été réalisée par un professionnel, nous vous conseillons de ne pas tenter de la reproduire chez vous. La célébration qui suit est presque aussi épique que le but : dans une course effrénée, yeux exorbités, le numéro 4 brésilien s’en va martyriser le poteau de corner d’un saut de cabri puis haranguer une partie d’un virage acquis à sa cause qui chavire de bonheur. Extatique.

Il y aura une petite anicroche proche de l’arrivée qui permettra à James Rodríguez d’être buteur pour le 5è match consécutif et d’inscrire sur penalty le 6è but de son Mondial. Costaud, le Colombien a prêté l’une des 2 épaules lui servant habituellement à porter la sélection à une gigantesque sauterelle qui y a trouvé refuge. L’homme qui murmurait à l’oreille des insectes…

Si j’avance, toi, tu recules, comment veux-tu, comment veux-tu que je… ne t’assène pas un vilain coup de genou dans le bas du dos. Pas sûr que cette excuse puisse changer quoi que ce soit à la fatwa lancée contre Juan Zúñiga sur les réseaux sociaux. L’impudent a sévèrement blessé Neymar dont la Coupe du monde est d’ores et déjà terminée (fracture d’une vertèbre lombaire). Esquinter le seul joueur frisson de ce Brésil-là à 2 minutes de la fin d’un quart déjà joué : la tristesse, putain…

L’après-match nous offrira l’une des plus jolies images jusqu’à présent : James Rodríguez en larmes est consolé par un David Luiz qui place son index au dessus de la tête du Monégasque pour demander au public de lui réserver une ovation. Une fort belle attitude de la part du défenseur central qui, en plus de jouer tous les matchs habité, a l’air d’être un vrai bon mec. Il aura les honneurs du brassard lors de la demi-finale face aux Allemands suite au carton jaune stupide obtenu par Thiago Silva. Comment dit-on passage de témoin en portugais ?

À tantão…

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