Plus rien ne s’oppose à la nuit…

Il a promené sa dégaine d’éphèbe désinvolte, emmerdé les censeurs de sa poésie absconse. Gentil branleur, mi-anar, mi-épicurien, il a trainé ses guêtres d’éternel adolescent aux yeux clairs, posé quelques notes de sa voix tremblante sur les mélodies lancinantes qui fuient sa gratte. Puis l’heure des retrouvailles : Raphael, chanteur. Audiard, cinéaste. Et tellement plus entre les lignes de ces laconiques cartes de visite. Mettre en scène un concert : capter le bruit, la fureur, la foule, la lumière… La mélancolie du gamin passée à l’objectif du maître. Atmosphère électrique dans les premiers moments. Ouverture sur Terminal 2B : pénombre, cadrage serré, fondus au noir. Bar de l’hôtel, entrée du split-screen. Tracklist appliquée, chanteur trop concentré. La figure imposée avec Caravane, habilement détournée par une version flamenco. Le public réagit. Évidemment. Complicité. Versailles au djembé puis l’imparable Schengen poursuivent le déglaçage. Les applaudissements calés sur une guitare minimaliste comme encouragements. Comme supplique aussi. Exaucée par le sublime et dépouillé Et dans 150 ans. La voix qui s’élève et se superpose aux harmonies du violoncelle dans ce mariage poignant. Et l’homme d’influence de conclure sur une reprise de Bashung pour lequel Audiard avait clipé. La boucle est bouclée, le cercle vertueux, le tour de chant sensuel et enivrant. The end, lumière bleutée, extinction des feux. Plus rien ne s’oppose à la nuit…