Dimanche dernier, comme tous les 4 mars, on fêtait Sainte-Olive.
Dans une autre vie, j’ai bossé rue La Boétie (pour les non-initiés, c’est là, au numéro 55 que se trouvait le siège de l’UMP devant lequel je passais tous les matins ; ce qui m’inspire là-maintenant-tout de suite un autre sigle de 3 lettres avec 2 “L” et un “O” au milieu, mais ce n’est pas le sujet), et quasiment chaque midi, je déjeunais au RIE (Restaurant Interentreprises) du coin où le serveur avait cette ritournelle mystérieuse lorsque l’on commandait une pizza :
- Avec ou sans ?
- Avec ou sans quoi ? m’enquis-je, intrigué, le jour de mon baptême.
- La femme à Popeye ! me répondit-il avec l’air goguenard du môme satisfait de sa propre bêtise…
C’était il y a presque 5 ans. C’est resté, et c’est devenu la digression idoine pour ce billet. Car pour un mec de mon âge, Olive ça évoque d’abord et surtout cet anime qui a connu un certain succès à la fin des années 80 et qui a donné à tous ceux qui le regardaient l’envie de se mettre à jouer au football. Un dessin animé que toute personne de plus de 25 ans ne peut évoquer sans avoir des trémolos dans la voix et/ou les yeux qui brillent : j’ai nommé l’inénarrable Olive et Tom !
Olive pour Olivier Atton ; Tom pour Thomas Price. Les deux héros japonais. Je précise parce que ça ne saute pas forcément aux yeux quand on voit leurs grands yeux – justement – ronds, ou à leur nom tout droit sorti d’une mauvaise sitcom. Comme Japonais de souche, on a vu mieux… Heureusement, en VO ça donne respectivement Tsubasa Ohzora et Genzō Wakabayashi. À vos souhaits !
Olivier, c’est le héros absolu, l’incarnation du bien dans la plus pure tradition manichéenne. Un milieu/attaquant hyper doué avec une tignasse qui donne l’impression qu’il a une flamme sur le crâne lorsqu’il évolue balle au pied. Thomas est un gardien à qui Olivier marquera son premier but (il était invaincu jusqu’alors), et contre lequel il ne gardera pas de rancœur puisque les 2 deviendront très vite BFF.
Si la série tourne beaucoup autour de leur duo au sein de la New Team, on notera la présence d’un bon nombre de seconds rôles inoubliables. À commencer par Mark Landers, grand rival d’Olivier et capitaine de la Muppet. Un type grand et costaud qui joue toujours avec les manches de son maillot retroussées, en plus de passer le plus clair de son temps à pester contre la terre entière. Frappe de mule, voix éraillée, regard noir : la totale…
Ed Warner, co-équipier de Landers, rival de Price : gardien kamikaze qui utilise les arts martiaux pour défendre sa cage au point de s’appuyer sur le poteau le plus éloigné du ballon pour se propulser et effectuer ce qui reste son arrêt le plus spectaculaire. Le kéké dans toute sa splendeur…
Danny Mellow est un autre joueur de l’équipe de Landers avec lequel il forme une excellente paire.
Chez les “gentils”, Ben Becker est le talentueux binôme d’Olivier en attaque tandis que Bruce Harper, défenseur de son état, est relégué au statut de comique de service.
Autre personnage marquant : Julian Ross, le capitaine de la Mambo. Il se distingue avant tout par son accent hispano à couper au katana. Le genre de mec à qui 4 classes européennes et 20 ans d’Assimil ne suffiraient pas… Il est malade du cœur, mais pour de vrai (poke Loïc Rémy), et fait à peu près tout pour mourir sur le terrain histoire de permettre aux créateurs de broder sur le courage et bla bla bla…
Sur l’échelle de la vraisemblance, la reconstitution footballistique proposée par Olive et Tom oscille entre “porte ouverte à toutes les fenêtres” et “foutage de gueule intégral”. Mais ça, à 5/6 ans on est loin de s’en douter/soucier…
Premièrement, le terrain n’était pas plat, il s’agissait d’une colline que les joueurs mettaient en moyenne 12 épisodes à traverser puisqu’il devait approcher les 50 kilomètres de longueur. Les frappes au but étaient expédiées avec une violence rare mais avaient invariablement besoin d'au moins autant de temps qu’un coliéco sous-affranchi pour atteindre la cage…
Des joueurs qui parlaient en jouant, qui plus est, livrant de véritables commentaires composés de leurs tirs/tacles/arrêts sans être essoufflés le moins du monde. Ils portaient des chaussures à crampons qui ressemblaient à des souliers à boucles qu’ils auraient piqué à des quakers…
Ils étaient tellement doués qu’ils ne rataient jamais un contrôle et à chaque touche, le ballon leur revenait dans les pieds comme s’ils lui avaient appliqué un effet rétro. Dans le vrai monde, c’est la course du joueur qui rattrape celle du ballon qui décélère, mais dans le monde d’Olive et Tom, les lois élémentaires de la physique devenaient superflues et c’était magique : on avait l’impression d’être dans un tube de Newton géant !
D’ailleurs Newton n’est visiblement jamais arrivé jusqu’au Japon, et la gravité n’y existe pas. Les personnages volaient au dessus des tacles le ballon collé au pied, faisaient des bonds de 8,50 mètres de hauteur pour déclencher des combinaisons improbables : la catapulte infernale de James et Jason – les jumeaux – Derrick, le tir de l’aigle, etc. Lorsqu’ils s’élevaient, on apercevait même le cosmos en arrière plan, ce qui prouve que les animateurs avaient un sens de l’autodérision assez prononcé !
Et tellement de choses… Le ballon qui s’aplatissait et prenait des trajectoires improbables au dernier moment. De quoi rendre jaloux les responsables de Jeanne et Serge, et ce n’est pas peu dire…
Mais nous, on y croyait. À fond ! On s’enflammait, on supportait la New Team, la Mambo, la Muppet ou la Toho, selon le potentiel de mauvaise graine qu’on avait déjà en nous. On refaisait ces matchs 10 fois, 100 fois dans la cour de récré sans jamais parvenir à reproduire le centième de ce qu’on voyait. Même avec les ballons Corner. Y’a quelque chose qu’on devait mal faire, c’était pas possible autrement… Le truc, c’est qu’on aurait pu passer des années à essayer de retrouver ce foot cathodique dans la vie réelle sans y arriver. Mais on ne le savait pas, parce que personne n’avait pris la peine d’ajouter à la fin du générique la mention “suggestion de présentation”…
j'ai lu l'article en diagonale je t'avoue mais ce que j'ai retenu dans ta digression est d'avoir travaillé Rue de la Boétie (moi aussi ... et je ne m'appelle pas Félicie !!) et je mangeais aussi au RIE !!! bon c'était bien des années avant toi mais je vois que nous avons de plus en plus de points communs !!! c'est peut-être toi finalement l'homme de ma vie lol ^^
J'ai lu en diagonale ton commentaire, mais ce que j'ai retenu c'est que tu ne t'appelles pas Félicie hahaha. 3 prénoms c'est suffisant ? ;p
Ah la la, ces deux-là ! ils étaient "toujours en forme" c'est pour ça qu'ils pouvaient courir en côte si longtemps, et si je me souviens bien, ils étaient aussi "super entraînés" c'est pour ça qu'ils ne rataient aucun contrôle et qu'ils pouvaient voler (toujours pendant au moins 12 épisodes!)et exceller dans des pirouettes à faire rougir les meilleurs acrobates... Du rêve qu'ils nous vendaient!
(Certains devraient peut-être s'en inspirer, ah ah !!!)
Je ne sais pas combien ils le vendaient ce rêve, mais on l'a tous acheté ! Et avec plaisir qui plus est :)
Haha Olive et Tom , je n'ai que 19 ans mais j'étais ( je le suis peut être encore :p ) un grand fan ! Quel bonheur et que de suspense , attendre deux épisodes pour qu'ils passent le milieu de terrain ! Je ne sais pas si par la suite vous avez regardé les épisodes des années 2000 et si vous avez apprécié la nouvelle " saison" ?! :p
Très drôle... "Le terrain n'était pas plat"...!!! Une belle plongée dans l'enfance! Les années "Club Dorothée"... Des heures et des heures passées devant nos "dessins animés préférés"...! Moi perso, c'était "Les chevaliers du Zodiaque", mon grand kiff...
Chaque article de ton blog est un régal, bravo!
Benoît G., 31 ans
Les Lilas.
@Alex : J'ai juste entendu parler des nouveaux épisodes, où ils évoluent en Europe dans de "vrais" clubs, c'est bien cela ?
@Benoît : Merci beaucoup, j'étais un grand fan des Chevaliers aussi ! J'ai d'ailleurs les mangas dans ma bibliothèque :)
"Olive et tom : le seul dessin-animé qu'on pouvait laisser tourner le temps d'aller acheter des bonbons, sans perdre le fil du match au retour"!
En fait, les "nouveaux épisodes" sont juste un moyens détourné de rediffuser les anciens épisodes. La seule nouveauté est que l'on voit olive en adulte au début et à la fin de l'épisode (au ralenti, on ne change pas une équipe qui gagne!), lors d'un match de la coupe du monde, raconter son enfance.
Perso, j'aimais beaucoup olive et tom, mais mon manga preféré c'étais plus "Janneuuuuhhh et Sergeuuuuhhh...".Dans le genre suréaliste c'était pas mal non plus, avec leur envols suspendus dans le temps!
C'est plus un filon pour exploiter notre nostalgie donc ! Ne pas oublier le ballon qui devient plat sous la force des services et des smashs !
Je n'ai jamais regardé un épisode d'Olive et Tom en entier. Le sport, même comme ça, ça ne passe pas! Mais bon, juste pour la précision, il me semble que les yeux des mangas/anime sont dessinés de cette façon pour les rendre plus expressifs.
Comment ça les noms japonais sont compliqués? 頑張ってね!