Safe House (Sécurité rapprochée) (2012) de Daniel Espinosa
“Taxe Tobin”
Denzel Washington est en pilote automatique depuis quelques années. Ç'a ma véritablement frappé avec American Gangster en 2007. Depuis, il empile les rôles faciles pour lui et fait toujours plus ou moins la même chose. C’est efficace car le bonhomme est doué. Ici, il incarne Tobin Frost, ex-agent de la CIA désormais renégat, et se donne, livrant tour à tour des imitations impeccables de Jean Moulin, Lilian Thuram (le film se situe en Afrique du Sud, lieu de villégiature de l’Equipe de France pendant la Coupe du Monde 2010, alors que le reste du monde était occupé à jouer au football…), d’un Yamakasi (il faut le voir – enfin sa doublure – bondir de toit en toit au cœur d’un township), Jason Bourne… et Denzel Washington : sourire carnassier, posture du mec “en charge”, comme dans un paquet de ses précédents rôles. Le film est également une lettre de motivation de son partenaire, Ryan Reynolds, qui semble vouloir intégrer le casing de Fast & Furious 6 (oui, ils en ont déjà fait 5 !) Ça tombe à plat parce que c’est rarement autre chose que du vu et revu : un amoncellement de clichés inhérents aux films d’action avec le traditionnel motif du passage de témoin symbolique entre la star vieillissante et le jeune premier, entre le mentor pervers et retors mais-peut-être-pas-tant-que-ça finalement et le petit bleu. Ça se démarque un poil par la réalisation caméra à l’épaule, le grain et le traitement des couleurs, plus les jump-cuts assez classes, il faut le dire. Oui, c’est divertissant, ça fait le job, mais c’est très oubliable…
The Grey
“Attention ! Ce flim n’est pas un flim sur l’alpinimse. Merci de votre compréhension”
Le pitch est simple : l’avion qui transporte les employés d’une compagnie pétrolière se crashe au beau milieu de nulle part en Alaska, laissant une poignée de survivants à la merci de conditions climatiques extrêmes, de la faim et d’une horde menaçante de loups occupant les lieux. Le Territoire des Loups, c’est un peu l’inverse de La Taupe dans la démarche : un survival raconté de façon ultra-classique, avec les passages obligés et le pathos qui va bien. POURTANT, ça fonctionne et c’est extrêmement prenant. Les fans du National Geographic ou de Man vs. Wild trouveront probablement à redire sur la vraisemblance de l’ensemble, mais le peu d’éléments dont on dispose a priori sur les personnages, la simplicité et la possible incohérence des situations – entre autres – démontrent que la portée du récit va au-delà de ce qui est magnifiquement raconté par la caméra de Joe Carnahan. C’est d’une fable dont il s’agit, sur la survie, sur la nature humaine (voir l’évolution du personnage principal lorsque le postulat de base chasseur/chassé s’inverse). La performance de Liam Neeson est d’ailleurs grandiose. Son regard triste mais franc et dur à la fois ainsi que sa voix grave portent une partie de la réussite de cette œuvre qui m’a asséné une jolie claque. La bande originale n’est pas en reste et amplifie une dernière séquence qui, bien que “téléphonée”, serre très fort la gorge. Pensez à bien rester après le générique !