Billet d’un retour au pays natal…

Bon, j’ai un peu triché. Ce n’est pas mon pays natal, mais celui de mes parents. Et quitte à entrer dans les détails, ce n’est pas non plus un pays, plutôt un département. Ce titre, c’est surtout l’occasion de rendre un hommage très 2.0 à feu Aimé Césaire, immense homme de lettres puis politique antillais. À tel point que l’aéroport principal de la Martinique – car c’est de cette île dont il s’agit – a été rebaptisé en son honneur. Une transition qui tombe à pic. Pas comme l’avion que j’ai pris, fort heureusement. La seule frayeur, c’est une escale à Pointe-à-Pitre avec 4 heures de déambulation dans l’aérogare. Des origines martiniquaises en terre guadeloupéenne, ça fait passer ma semaine en Égypte dans le désert du Sinaï au moment du récent coup d’état, avec pour voisins immédiats l’Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël pour Disneyland. Et j’exagère à peine. Bon, c’est plus la génération de nos parents et les précédentes qui se livrent cette guéguerre ridicule, mentalité insulaire oblige…

Le fait est que j’ai fini par poser le pied en Martinique à 20h15. Ouais, j’ai regardé mon portable pour immortaliser l’instant précis vu que ça faisait quelque chose comme 11 ans que je n’y étais pas retourné. Et quand je dis poser le pied, c’est littéralement : on est descendus sur le tarmac, à l’ancienne. Y’a des choses qui changent pas. Comme le comité d’accueil qui te dévisage après les bagages. Il fait moite dehors, et la température est bien tombée. Dans la voiture, je regarde le paysage défiler, j’essaie de jouer aux 7 erreurs, sauf que les deux images sont pas côte à côte sur le papier glacé d’un magazine ; elles sont espacées d’une décennie et des poussières, l’une dans mon esprit et l’autre sous mes yeux fatigués par le périple.

J’ai retrouvé les grands-parents, ils m’ont touché pour être sûrs que j’étais bien là devant eux. Ils ne savaient pas que je venais. Surprise ! Et elle fut bonne à en croire leur réaction. Ils me disent que j’ai grandi. J’avais 18 ans la dernière fois que je les ai vus, j’ai pas pris un centimètre depuis, je les contredis gentiment, et pas parce que j’ai envie d’avoir raison. Pas cette fois-ci. C’est émouvant ces retrouvailles, je me départis pas de mon sourire un peu nostalgique, je fais le bonhomme pour ne pas montrer ce que je ressens, mais en vrai ça me touche, putain. J’ai l’impression de vivre mon rendez-vous en terre inconnue. Enfin en terre retrouvée… Terre… et mer ! Entre 26 et 28°, même à 7h du mat’. Autant dire que t’hésites pas longtemps à plonger. Je me suis pris pour l’Homme de l’Atlantide à nager le plus loin possible sous l’eau, comme quand j’avais 15 piges. Et parce que la plage ça creuse, j’ai aussi fait le plein de fruit à pain et de poulet grillé en me resservant un peu plus souvent qu’à mon tour. Pour éliminer, j’ai fait de l’accrobranche. C’était la première fois, et j’ai même pas fait de vœu.

Le prix des courses fait toujours aussi peur, et y’a toujours aussi peu d’espace le long des routes pour les gens qui voudraient marcher à pied. Normal pour un pays où la norme est à 12 bagnoles par foyer… Ça fait partie des trucs que j’ai jamais vraiment aimés et pour ça – et pour la mentalité insulaire susdite – j’ai jamais voulu rester longtemps chaque fois. Là, c’était 10 jours. (Bien) avant, c’était toutes les vacances d’été et je me demande parfois comment je faisais. Aujourd’hui, je me demande (presque) comment j’ai pu mettre autant de temps avant d’y retourner. La preuve que je suis peut-être en train de changer petit à petit. Tout arrive… “Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus” a dit Proust. Parfois, ce sont aussi ceux qu’on a retrouvés…

Anse_Mitan

2 thoughts on “Billet d’un retour au pays natal…”

  1. J'avais l'habitude de te voir chez Naguy puis ensuite de lire ton blog alors que je vivais à Saint-Malo et depuis mai 2013 je vis en Martinique au Robert plus exactement et c'est dommage que je n'ai pas su que tu étais sur notre belle île sinon j'aurais eu un très grand plaisir à te rencontrer.
    A bientôt de lire tes articles toujours remplis d'humour...

  2. Merci beaucoup Chantal, j'espère que tu t'y plais. Il y a toujours la mer à côté, mais ce n'est plus exactement la même température !

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