Cahier de Mondial – Entrée #11 : “Bordel e Progresso”

Vous connaissez la série The Big Bang Theory ? Si l’on ne considère que sa tagline, Smart is the new sexy”, c’est forcément la meilleure au monde. Malheureusement pour elle, ce n’est tout au plus qu’une anecdote insignifiante et en aucun cas un mètre étalon. J’ai suivi les 5 premières saisons avec autant d’intérêt que d’amusement. J’ai ensuite décroché au cours de la suivante, l’aspect formula show achevant de me rebuter. Le formula show, c’est une série dont le schéma narratif est invariable. On connait à l’avance la structure des épisodes, les ressorts de la mécanique. Comme les matchs du Barça de la grande époque qu’on regardait d’un œil, l’autre étant rivé sur le chrono à attendre le penalty inexistant. C’est inhérent au genre sitcom qui joue beaucoup sur le comique de répétition, sur les caractéristiques de protagonistes qui frisent le stéréotype. À ce jeu-là, c’est Sheldon Cooper qui tire le mieux son épingle ! Le personnage de génie sociopathe interprété par Jim Parsons phagocyte l’attention à chacune de ses apparitions. Sous son impulsion, je vais reprendre son gimmick, le fameux Fun with Flags. Eh oui, ce n’est pas parce que c’est dimanche que l’on n’a pas le droit de s’instruire… Intéressons-nous donc au drapeau du pays vers lequel sont tournés tous les regards depuis une dizaine de jours, j’ai nommé le Brésil ! 2 choses sont particulièrement intéressantes : le globe étoilé d’abord, qui représente le ciel de Rio au moment de la proclamation de la République, chaque étoile étant associée à un état. (Lorsque j’ai appris cette anecdote, ça a fait vibrer mon petit cœur de romantique…) Et la devise, Ordem e Progresso : ordre et progrès dans la langue de Franck Ribéry. Une devise positiviste que je me suis permis de détourner en l’honneur de l’Algérie qui a joué, et plutôt bien, puisqu’elle a décroché contre la Corée du Sud sa première victoire en Coupe du monde depuis plus de 30 ans. Du progrès et un joyeux bordel qui a légèrement éclipsé les deux autres matchs de ce dimanche 22 juin 2014, Belgique/Russie et États-Unis/Portugal…

Corée_Du_Sud_Algérie_22062014

Tiens, Dan Brown a eu 50 ans ce 22 juin ! L’auteur américain a accédé à la postérité à la faveur des pérégrinations de Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard – son héros fictif. Un type qui serait tout à fait capable de déchiffrer le drapeau brésilien. La boucle est bouclée…

Divock & Roll

Sur l’échelle des hommages allant d’une chanson de Pascal Obispo au nom du stade communal de Sail-sous-Couzan, avoir un bébé dauphin baptisé de son patronyme est quand même très, très haut. Divock Origi, le jeune attaquant belge, a eu cet honneur au lendemain de Belgique/Russie. Et c’est le parc aquatique de Bruges qui le lui a rendu.

Si vous cherchiez LA purge du Mondial 2014, la voici. Un match d’une pauvreté à faire passer la pub LCL/Gad Elmaleh pour un court-métrage de Martin Scorsese en comparaison. Il faudrait vraiment inventer une télécommande pour passer les rencontres en avance rapide ainsi qu’un moyen de récupérer la précieuse heure cinquante de vie consacrée à ce truc infâme. C’était tellement long que je me suis senti vieillir. J’aurais même eu le temps de compter le nombre de cheveux sur la tête de Fellaini si j’avais voulu… Heureusement, l’attaquant du LOSC – bien servi par un éclair d’Hazard qui fait parfois bien les choses – a fini par envoyer sous la latte son tir du pied droit. La Belgique est qualifiée ! (1-0, 88’)

You’re the Origi of love, love, love!

L’ami du petit-déjeuner, l’Algérie/Corée

Dans l’imaginaire collectif, s’il y a un numéro qui cristallise tous les fantasmes, c’est bien le 10 ; le dossard attribué au leader technique, dépositaire du jeu de son équipe qu’il oriente et dont il gère le rythme. Enfin, ça, c’est pour la définition ESPN Classic, la donne a quelque peu changé depuis. Au sein de la sélection coréenne, le premier des numéros à 2 chiffres a été attribué à Chu-Young Park, ancien joueur de l’AS Monaco qui avait soulevé un tollé en filant rejoindre Arsenal alors qu’il était sur le point de s’engager avec le LOSC. Autant vous dire que pour orienter le jeu, un mec qui confond Lille et Londres n’est peut-être pas celui qui présente les meilleures garanties. Sauf qu’il n’y a rien de plus logique que de choisir les Gunners lorsque l’on s’appelle Young et que Park est doté d’un QI de 150, ce qui laisse à penser que, plutôt que titulaire d’une notion approximative de la géographie, le mec s’est juste endormi dans l’Eurostar…

On brandit souvent comme un cliché l’extrême politesse qui serait l’apanage des cultures asiatiques. Les lieux communs ont la vie dure, mais lorsque Medjani balance une ouverture au hasard pour Slimani, l’attaquant algérien est escorté courtoisement par la charnière centrale coréenne jusqu’à sa cage, qui lui laisse le temps de se déporter légèrement pour battre Jung d’une subtile touche du gauche. (0-1, 26’)

En l’espace de 2 minutes, les Sud-Coréens perdent le Nord. Sur un corner sortant de Djabou, Halliche profite d’une air-sortie de Jung pour claquer une tête sous la transversale. (0-2, 28’) Halliche, ça gliche ! (copyright Saphia)

On retrouve ledit Jabou 10 minutes plus tard, avec la complicité de la défense centrale de son adversaire à nouveau, qui le laisse reprendre du gauche une offrande de Slimani au cœur de la surface. (0-3, 38’)

Pendant ce temps, l’on apprend que le tigre est l’emblème de la Corée du Sud… À la mi-temps, la plus petite espèce de canidés a déjà terrassé le félidé carnivore. La sélection surnaturelle…

Un tigre dans un moteur Diesel, les joueurs asiatiques revenant sur la pelouse avec d’autres intentions. C’est le sémillant Son qui met la pression sur la défense algérienne. Il enchaine contrôle du dos, feinte de corps, dribble de dégagement et frappe entre les jambes de M’Bolhi. (1-3, 50’)

Un léger frisson qui n’a d’autre conséquence que de déclencher un superbe mouvement collectif algérien conclu par Brahimi à l’issue d’un une-deux avec Feghouli sous les yeux bienveillants de leurs adversaires. Paie ta défense Subbuteo ! (1-4, 62’)

Le dernier but de la rencontre est marqué par Koo au milieu d’une arrière-garde algérienne aux abois. Le géant Shinwook dévie de la tête pour Son qui est repris avant de pouvoir frapper. Lee hérite du ballon qu’il centre intelligemment en retrait pour son capitaine qui finit le travail de l’intérieur de la cuisse. (2-4, 72’)

Mine de rien, la dernière victoire de l’Algérie dans la compétition remontait au 24 juin 1982, quasiment 32 ans jour pour jour. C’est par ailleurs la première fois qu’une nation africaine inscrit 4 buts dans un match de Coupe du monde. Un fait d’armes sans précédent qui vaut sans doute quelques klaxons. Le pays du Matin calme est la périphrase la plus populaire désignant la République de Corée. Ce soir, et comme à chaque fois que l’Algérie joue, la France est celui de la Nuit agitée…

AF1 vs. CR7

Ce soir, je me couche tôt.” C’est le parangon du vœu pieux effectué chaque matin par une grande partie de l’Humanité. Tim Howard, le gardien de la sélection américaine, s’y est tenu, lui, et dès la 5è minute de cet USA/Portugal. Lancé sur le côté gauche, Andre Almeida remise sur Miguel Veloso. Le centre loupé de ce dernier est prolongé involontairement par Geoff Cameron jusque dans les pieds de Nani. Seul face à un Howard déjà au sol, le joueur de Manchester l’ajuste (trop) tranquillement. Un début de match idéal qui va lancer les Portugais croit-on. Bah, non ! En deuxième mi-temps, Jermaine Jones égalise d’un bijou de frappe puissante enroulée puis l’inévitable Dempsey donne l’avantage à Team USA grâce à un but signé de son appareil reproducteur. Provocation suprême pour Cristiano qui affectionne tout particulièrement ce genre de concours : d’un centre déposé sur la tête de Varela dans le temps additionnel, il offre un sursis à un Portugal qui n’est en revanche plus maître de son destin…

C’était la dernière affiche de cette deuxième journée de poules. Dès demain, on passe aux derniers matchs de cette première phase. Des seizièmes de finale officieux qui serviront de juge de paix avant les rencontres à élimination directe.

BAZINGA!

À tantão…

Leave a Reply

Envie de réagir ?

1/ Saisissez votre texte dans le cadre ci-dessous.
2/ Sélectionnez votre profil dans la liste déroulante : si vous disposez d'un compte (Google, etc.), identifiez-vous. Sinon, vous pouvez entrer un nom ou pseudo sous "Nom/URL".
3/ Cliquez sur "S'abonner par e-mail", pour être prévenu dès qu'une réponse sera postée.
4/ Enfin, cliquez sur "Publier". Job done!

Merci à vous !