Cahier de Mondial – Entrée #3 : “Grand Theft Poteau: San Andrea”

Mario Balotelli est un génie. Sur son compte Facebook officiel, l’avant-centre de la Nazionale a publié une photo de l’album Panini du Mondial ouvert à la double-page de la sélection italienne sur laquelle il n’avait collé que des vignettes à son effigie. La légende : “WHY ALWAYS ME?” Putain, mais comment on faisait avant lui ? Le mec s’est en plus permis d’inscrire le but vainqueur d’un duel à 5 coupes du monde contre la perfide Albion. Un choc gastronomique précédé du premier jour du reste de la vie sans Falcao pour la sélection colombienne face à la Grèce et de l’entrée en jeu des poètes uruguayens contre de sémillants costariciens. Côte d’Ivoire/Japon, premier match à pas d’heure, a été servi en casse-dalle nocturne. Cafeteros, ballon de plage, dribbleur fou et surprise. Buts partout, ennui nulle part en ce samedi 14 juin 2014. Merci, Mario !

Angleterre_Italie_14062014

Pour ce troisième jour de compétition, le plateau était relevé. Avec l’Angleterre (1966), l’Italie (1934, 1938, 1982, 2006) et  l’Uruguay (1930, 1950), 3 anciens vainqueurs étaient sur le pont. Et sur le pont d’Avignon, l’on y danse, l’on y danse…

“Alors, on attend pas Falcao ?”

Ses parents l’ont appelé Radamel. Son coach – Claudio Ranieri – l’a aligné dans un 1/16è de finale de Coupe de France gagné d’avance devant une équipe de CFA au nom fleuri (Monts d’Or Azergues Foot), match au cours duquel il a abandonné sur blessure son rêve de Mondial. Le jour où l’on créera un trophée censé récompenser les gens inspirés, on le baptisera Falcao.

Face aux champions d’Europe 2004 grecs (ce n’est pas une FARCe), ses coéquipiers ont fait le travail proprement. L’intenable Cuadrado, surnommé la “Vespa”, sert Armero pour l’ouverture du score précoce (1-0, 5’). La feinte de Rodriguez et la danse de célébration sont bien plus jolies que la frappe détournée gagnante. On retrouve Rodriguez au coup de pied de coin dévié deux fois, la seconde du bout du pied de Teo (2-0, 58’). Les Hellènes frapperont la barre par Gekas. Pas de quoi se fendre la poire, d’autant que Rodriguez parachèvera son œuvre dans le temps additionnel d’une frappe placée de sa proverbiale patte gauche (3-0, 90’+). James est dite.

(Pas) Vu à la TV !

64 rencontres en 32 jours, il fallait bien que j’en loupe quelques-unes pour donner le change. C’est tombé sur Uruguay/Costa Rica, première vraie surprise.

Le 14 juin, c’est le World Blood Donor Day, la Journée Mondiale des Donneurs de Sang ; le jour idoine pour le premier match de l’Uruguay ! Face à la “Suisse de l’Amérique Centrale”, on savait que Lugano serait forcément à son aise. Au jeu de l’arroseur arrosé, il obtient un penalty après avoir été ceinturé en pleine surface. Pas besoin d’arbitrage (Monte)vidéo. Cavani transforme et augmente le capital Ligue 1 après la réalisation de James. Joel Campbell – passé par Lorient, décidément – lui répondra à la conclusion d’un joli mouvement, avant que Duarte, d’une tête plongeante appliquée, et Ureña, avec malice, ne scellent une victoire inattendue. Ce qui l’était moins, c’est l’exclusion d’un Uruguayen en fin de rencontre pour un tacle idiot. Ça, c’est pour Thierry Henry !

“Wow, fucking hell!”

Ce sont les mots de Joe Hart adressés à Andrea Pirlo à la fin des 90 minutes, l’admiration du portier exprimée en toute désinhibition après le coup-franc improbable que le meneur de la Juventus a expédié sur sa barre transversale. Les arrêts de jeu, l’Italie avait arrêté de jouer depuis un moment, un coup de pied arrêté, la caresse de l’architecte appliquée au Brazuca, une trajectoire étonnante, un dernier rempart médusé puis le bruit sec de la latte dans la moiteur de Manaus… Un “non-but” d’une classe folle de la part d’un joueur qui incarne à lui seul cette notion.

J’ai suivi cette rencontre dans un pub irlandais du quartier latin. Si vous pensez que Cesare Prandelli est l’unique sélectionneur de la squadra azzura, je peux vous assurer que vous vous trompez. Il a autant d’adjoints qu’il y avait de supporters sur place. La plus grande gueule, forcément la moins experte, fustigeant une Italie mal en place juste avant le corner joué avec roublardise. Feinte de corps géniale de Pirlo qui sent la présence de son coéquipier de la Juve dans son dos. Contrôle, frappe précise et tendue, Marchisio est aux anges (0-1, 35’). Messieurs les Anglais, soupirez les premiers. Pas le temps en fait, Sturridge, servi par Rooney, remet les compteurs à 0 immédiatement (1-1, 37’). La beauté du football, c’est aussi l’entente parfaite entre un Scouser fan des Toffees d’Everton et un joueur prometteur des Reds le temps d’une action. Lancé avec amour par Pirlo, Balotelli signera le quasi-remake du but de Pauleta face à l’OM, son lob exécuté en toute nonchalance sera cependant sauvé devant sa ligne par Jagielka. Y’a pas de justice ! Ce n’est que partie remise, tant il semblait écrit que c’est le joueur de l’AC Milan qui délivrerait les siens. C’est chose faite en fusillant Joe Hart d’une tête piquée à la réception d’un centre parfait de Candreva (1-2, 50’). La suite, vous la connaissez. Victoire convaincante des Italiens, San Andrea régale, Super Mario plante… LEVEL CLEARED!

La nuit, tous les éléphants sont gris…

3h du mat, j’ai des frissons, je claque des dents et je monte le son. En vrai, je rentre à pied du pub, faute de taxi, tous pris d’assaut. Je suis trop fatigué pour regarder ce Côte d’Ivoire/Japon, je fais l’impasse à nouveau.

Sinon, faire jouer les Éléphants après la Celeste, je me dis qu’il y a comme une soirée à thème au niveau de la FIFA, non ?

Honda ouvre la marque en force du gauche avant que, par deux fois, Aurier (le Toulousain) ne délivre deux caviars pour autant de jolies têtes signées Wilfried et Gervinho qui forcent la décision.

Dis, le Mondial brésilien, je t’aime bien, mais 3h, c’est tard. Puis jouer des matchs en pleine nuit comme ça, on n’y voit rien…

Je t’embrasse quand même. Et vous aussi !

À tantão…

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