C’est avec émotion que je me souviens du matin du mardi 11 juin 2002. Je m’étais levé aux aurores pour les besoins d’un partiel dont la matière m’a échappé (au propre comme au figuré). Une journée comme une autre dans la vie d’un étudiant, sauf qu’elle coïncidait avec le dernier match de poule de l’équipe de France au Mondial. Le décalage horaire inhérent à une compétition organisée conjointement par le pays du Matin calme et celui du Soleil levant fit que nous n’étions pas tant préoccupés par l’examen qu’accrochés à l’espoir ténu de qualification, un succès 2-0 sur le Danemark. Las, les Bleus s’inclinèrent sur cette même marque, ironie du sort… Avec le recul, ce cruel échec a façonné mon parcours de supporter comme celui d’adulte. Tout juste majeur, j’avais vécu cet instant comme la fin de quelque chose, d’une époque de 4 merveilleuses et parfaites années sportives, mais surtout comme l’écaillement de l’illusion d’invincibilité que je portais chevillée à ma jeunesse…
12 années plus tard, l’histoire bégaie et le champion en titre espagnol a déjà dû abdiquer à l’issue d’un match peu glorieux face au Chili. Dans l’autre rencontre du groupe, les Pays-Bas sont venus à bout d’une Australie qui pourra s’en aller la tête haute après nous avoir régalés. Et puisque nous étions le mercredi 18 juin 2014, la Croatie a jugé opportun de se défaire du Cameroun sur un score… sans appel !
À la rubrique éphéméride, il est à noter que Richard Gasquet est né un 18 juin. Pas tout à fait le même sport, je vous l’accorde, même si son attrait pour les balles dans le filet pourrait laisser penser le contraire. Le rapport, me direz-vous ? Et bien pendant que nos Bleus jouaient les touristes en Asie, le petit Richard faisait des merveilles du côté de la Porte d’Auteuil pour son premier Roland. Si l’on avait pu greffer la cuisse de Gasquet à Zizou comme l’avait malicieusement suggéré Chenez, peut-être qu’à la place du guide du Routard “Corée du Sud/Japon en moins de 15 jours” qui trône sur les étagères de la fédé, il y aurait un autre objet nettement plus volumineux…
Gauche caviar
Je vous vois déjà venir : Pays-Bas, Hollande, gauche caviar, vanne politique, tout ça... Rien à voir ! Je me réfère juste aux 2 gestes qui ont éclairé le début de la rencontre entre l’Australie et les Pays-Bas. Dans la même minute. Le combo subtile feinte de corps-course folle-frappe croisée du gauche chirurgicale dans le petit filet qui a permis à Arjen Robben d’ouvrir la marque d’un côté. Et la réponse insensée de Cahill qui reprend de volée pied gauche un long centre pour aller crucifier Cillesseen. Un but dément, et je ne dis pas ça parce qu’il a attrapé le métal de la latte au passage... Il y a fort à parier que la barre de Porto Alegre en vibre encore. C’est le cas de mon petit cœur d’amoureux transi d’Olive et Tom. En deuxième période, Van Persie répondra, tout en finesse, d’une frappe des 7 mètres chronométrée à plus de 100 km/h à un penalty australien. Un Néerlandais non identifié mettra le ballon sur la route de Memphis qui signera d’une frappe lointaine (très) mal négociée par Ryan la deuxième victoire de rang des Oranje. Et vas-y que je te saute dans les bras… Comme d’habitude, les Bataves ont l’air content d’eux, mais moi, j’attends toujours une passe aveugle de Daley Blind, bordel !
“Ils sortent d’où ces acrobates, avec leur costume de papier ?”
J’ai suivi l’élimination de l’Espagne depuis La Palette. La Palette, qu’est-ce que c’est ? Un café-restaurant parisien du VIè arrondissement, une institution parait-il. En français, ça veut dire que tu viens pour voir (et être vu) plutôt que pour boire. Et il vaut mieux, avec les 33 cl de Coca à 5,70€ ! C’est le même principe que Ben & Jerry’s, la glace plus chère qu’une glace… C’est donc un aimant à bobos qui a visiblement décidé de s’encanailler en proposant les rencontres sur écran géant dans son arrière-salle.
Comme le Danemark en 2002, le Chili a inscrit 2 buts à cette triste Espagne sans en encaisser le moindre. Vargas s’est d’abord joué de Casillas, puis Aránguiz a repris à sa guise un ballon repoussé par le gardien madrilène juste avant le repos.
Ce genre de moment est suffisamment pénible pour ne pas en rajouter, je retiendrai néanmoins le brillant tweet de David “Calamity” James adressé à San Iker : “Catch the ball man!” L’humour anglais est décidément au dessus…
L’assistance était partagée entre les moqueries (nous), l’incrédulité et une tristesse infinie (nos voisins immédiats). À chaque fois que quelqu’un passait devant le vidéoprojecteur, l’ombre apparaissant sur l’écran venait s’adjoindre aux fantômes espagnols en perdition sur la pelouse du Maracanã.
La technique y a été d’un narquois “le Freebox player va entrer en veille”. Dans les semaines qui arrivent, il ne sera pas le seul…
A damier to kill for
Je n’aime pas la bière, je suis plus Coca debout que Croatie. Je la laisse faire son chemin tranquillement…
Dans la dernière rencontre de la journée, de très domptables Lions du Cameroun réduits à 10 ont été apprivoisés par des Croates de toute façon supérieurs. Alex Song a fondu un boulon, abandonnant prématurément ses partenaires qui n’en avaient certainement pas besoin. Olić, Perišić et Mandžukić (et ça rime) par 2 fois ont donné des allures de branlée à la promenade de santé. Y’a pas que dans les films Europa qu’il ne faut pas déconner avec les Croates…
Après le match, Assou-Ekoto – qui se distingue infiniment plus par sa coupe de cheveux que par son intelligence – a asséné un coup de tête à son propre (au sens figuré, il n’avait pas encore pris sa douche) coéquipier, Benjamin Moukandjo. S’il l’avait reçu de Samuel Eto’o, avec la taille du melon du bonhomme, il ne se serait probablement pas relevé. À moins d’une substantielle prime ?
À tantão…