Cahier de Mondial 2018 – Entrée #7 : “Le Bon, la Brute et le Truand…”

Travelling. Un homme coiffé d’un chapeau aux bords moins larges que celui d’un cow-boy et vêtu d’un gilet en mouton sort d’une église en ruines. Blondin. Derrière un sapin, il aperçoit au second plan un autre homme, Tuco, qui s’enfuit sur le dos d’un cheval au galop. Blondin n’est pas surpris, il a entendu la bête hennir quelques instants auparavant. Sans quitter des yeux le fuyard, il dépose une étoffe à franges sur la roue d’un canon. Zoom avant sur le visage de Clint Eastwood. Le thème musical de son personnage retentit alors qu’il se saisit du morceau de cigare qu’il fume pour allumer la mèche du canon. L’explosion du boulet provoque la chute de la monture et de son cavalier. Désorienté, Eli Wallach hésite sur la direction à prendre mais poursuit prestement à pied. Nouvelle explosion. Le second boulet l’oblige à effectuer une roulade pour éviter l’impact. Il se heurte à un objet rocheux. Il s’agit d’une pierre tombale de fortune, elle orne une sépulture. Un ostinato de 4 notes au piano démarre au même instant, suivi d’un solo de cor anglais, les premières notes de l’estasi dell’oro. Tuco se relève et comprend qu’il a atteint sa destination. Un mouvement de grue permet au spectateur de découvrir le cimetière de Sad Hill dans son intégralité. Il y a des  centaines, des milliers de croix en bois qui dominent des monceaux de terre retournée espacés régulièrement. Il se signe en observant la tombe contre laquelle il a buté. Il déplie son plan et jette un coup d’œil furtif mais inquiet dans la direction où se trouve Blondin à quelque distance de là. Il balance le morceau de papier dont il n’a plus l’utilité, un large sourire lui barre le visage. D’abord hésitant, il court vers le centre du cimetière accompagné par les vocalises de la soprano. Il balaie du regard les sépultures qui l’entourent, le mouvement de ses yeux, de droite à gauche puis de gauche à droite, est frénétique. Il parcourt le cercle le plus proche de la partie centrale du cimetière sans réussite. Il s’enfonce un peu plus en slalomant entre les monticules puis reprend ses courses concentriques. La caméra épouse le point de vue de Tuco, l’arrière-plan devient flou. Sa course est effrénée, à la recherche de la stèle d’Arch Stanton. Les images donnent le tournis, le score s’intensifie. Il finit par trouver la pierre tombale en question. Il caresse la planche de bois clouée sur laquelle est inscrit le nom tant convoité et entreprend de creuser. Après avoir déblayé une grande quantité de sable, il rencontre une résistance : il touche au but comme l’atteste le gros plan sur ses yeux écarquillés de cupidité. Sur le sol, apparait une ombre, celle d’une silhouette élancée couronnée d’un chapeau qui lui balance une pelle. Contre-plongée des bottes jusqu’au visage de Blondin : “avec ça, tu gagneras du temps !” Tuco est tenté de se saisir de son arme, mais Eastwood rabat son poncho par-dessus l’épaule, laissant apparaître le revolver à sa ceinture, secouant presque imperceptiblement la tête pour le décourager dans ses velléités. Il hausse les épaules afin de signifier sa reddition et attrape la pelle, contraint à ouvrir le cercueil en bois. Apparait dans le champ la tête d’une autre pelle que le bras droit d’un troisième protagoniste jette près de Tuco. Cela surprend Eastwood et Wallach qui se tournent immédiatement vers le nouveau venu en fronçant les sourcils. C’est un homme au long manteau, vêtements et chapeau sombres, moustachu, l’air mauvais. C’est Sentenza. Pistolet en main, il délivre sa punchline au duo : “à 2, vous ferez encore plus vite !” Les 3 personnages principaux sont réunis pour l’ultime acte : le bon, la brute et le truand. La suite, vous la connaissez…
Ce mercredi 20 juin 2018, trois pistoleros ont dégainé : Cristiano Ronaldo, Diego Costa et Luis Suárez. Comme l’époque est aux reboots et autres remakes en tout genre, on les verrait assez bien dans une relecture western gomina du chef d’œuvre de Sergio Leone. CR7 serait le bon, chasseur de primes arrogant qui entretient une relation d’amour-haine (Real/Barça) avec le truand Suárez ; Diego Costa, la brute, mercenaire impitoyable prêt à tout pour se débarrasser de ceux qui se dressent entre lui et le trésor/la cage…  En attendant, ils ont tous donné la victoire à leur équipe sur la plus petite des marges. 1-0, 1-0, 0-1, une feuille de scores qui tient du système binaire, un vrai concours de bits. Tu vois, Tuco, le monde se divise en 10 catégories : ceux qui connaissent le binaire et les autres…


Portugal_Maroc_20062018

PORTUGAL 1-0 MAROC / RONALDO 4’

Si le long métrage est amené à égaler les 180 minutes de son aîné, il faudra que Cristiano Ronaldo s’abstienne de dilapider le suspense en 4 minutes. En reprenant de la tête un corner tiré à 2 par Bernardo Silva et João Moutinho, il inscrit son quatrième buts en 2 matchs, élimine le Maroc et devient le meilleur buteur de l’histoire du football européen pour une équipe nationale. De mémoire, marquer sur un corner tiré à la rémoise n’était plus arrivé depuis la fin de la guerre de Sécession… #OptaMathusalem


Iran_Espagne_20062018

IRAN 0-1 ESPAGNE / COSTA 54’

L’action du but espagnol a commencé par une interception d’Andrés Iniesta dans les pieds iraniens, un relais avec David Silva, une feinte de corps du barcelonais, une passe pour Diego Costa qui pivote avec le ballon et marque en contrant du genou un dégagement adverse. Comme si quelqu’un avait enregistré Wild Wild West par-dessus la fin de ta VHS d’Il était une fois dans l’Ouest

Silva-Iniesta-Costa n’est pas qu’un circuit préférentiel, c’est la plus spectaculaire réclame “avant/après” pour les cliniques de traitement de la calvitie.

Ce vilain but de Diego Costa a longtemps tenu la corde pour l’attribution du geste du match, puis Milad Mohammadi s’est réveillé. Dans le temps additionnel, il obtient une remise en jeu non loin de la surface espagnole. C’est la dernière opportunité pour les Perses d’égaliser. Il le sait. C’est pourquoi, après avoir reculé, donné un coup de tête de motivation dans le cuir, il se lance dans une roulade avant pour libérer le ballon avec plus de force, un véritable corner à la main, un obus qui transperce l’arrière-garde adverse, tu vas voir ce que tu vas… Ah, non, en fait le défenseur n’a pas assumé et après sa réception, il a repris de zéro pour revenir à quelque chose de plus traditionnel. Écoute, Milad, je crois que toi et moi, on a un peu le même problème : on est timides quand on a une touche…


Uruguay_Arabie_Saoudite_20062018

URUGUAY 1-0 ARABIE SAOUDITE / SUÁREZ 23’

Bon, ok, j’ai triché : l’Uruguay a joué avant l’Espagne. Comprenez-moi, je tenais absolument à respecter l’ordre d’énumération du titre. Faute avouée est à moitié pardonnée, mais vous n’êtes pas obligés de lire 1 ligne sur 2, hein…

Tuco, c’est le type un peu lâche qui laisse les autres se faire la guerre pour rafler tranquillement le magot en loucedé. Transposé au football, ça donnerait un attaquant de surface posté au second poteau sur les coups de pied arrêtés, profitant de la moindre sortie hasardeuse du gardien, de joueurs au duel devant lui qui ne gagneraient pas le contrôle du ballon pour reprendre dans la cage vide.

J’ai vraiment besoin de vous dire comment Luis Suárez a marqué ?

À тантôт…

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