Cahier de Mondial 2018 – Entrée #23 : “Il était une dernière fois en Amérique…”

Le vendredi 16 septembre 2016, le Paris Saint-Germain se déplace sur la pelouse du stade Michel-d'Ornano pour y affronter le Stade Malherbe Caen. Un seul point sépare les deux équipes avant le coup d'envoi, mais le suspense tourne court. À la pause, les visiteurs ont déjà planté 4 banderilles dans l'arrière-garde normande ; toutes l’œuvre d'Edinson Cavani. Ils en ajouteront 2 supplémentaires après le repos, la proverbiale roue de bicyclette...
Le lendemain, sur le plateau du 20H Sport d'I>Télé, c'est l'heure du tour de table :
“- On est super content pour lui, c'est bien, il a marqué 4 buts. Mais il a marqué hier soir la moitié de tous les buts qu'il va marquer dans cette saison, c'est-à-dire qu'au maximum, il en marquera 8.
- C'est-à-dire que vous pensez que Cavani va marquer 8 buts au total cette saison ?
- Oh, une dizaine, ouais, ce serait déjà pas mal !”
Le dimanche 14 mai 2017, le Matador signe dans le Chaudron les deux dernières réalisations de sa saison de Ligue 1. Son bilan : 36 matchs, 35 buts. À seulement 2 unités des 37 bougies que souffle aujourd'hui, 6 juillet 2018, la Nostradamus de la Star Ac', Francesca Antoniotti.
Pas besoin d'être un oracle pour savoir que le numéro 9 parisien n'inscrira pas le moindre but contre l'équipe de France cet après-midi. Sorti sur blessure face au Portugal et forfait pour la rencontre, son absence rebat les cartes dans le premier duel américano-européen de la journée. Sauf pour les esprits hostiles à la Dèche, qui ont placé les Charrúas avant les Bleus.
Sur les coups de 21h, heure locale à Kazan, les pays B (pas l'indicateur économique), Brésil et Belgique, se disputeront  un autre ticket pour le dernier carré. Ou quand le double B aspire au triple A...




Uruguay-France-06072018

URUGUAY 0-2 FRANCE / VARANE 40’, GRIEZMANN 61’

Les Cent et Une Nuits

Fernando Muslera et Hugo Lloris présentent la particularité d'être nés la même année (1986), d'évoluer au même poste (gardien de but) et de compter - avant ce quart de finale - autant de capes qu'il y a de départements français ou de chiens à la robe tachetée dans le classique de Disney (***). Le parallèle s'arrête ici. Le portier uruguayen aura devant lui un 4-4-2 dit “losange” pour les cartésiens, “diamant” pour les Cartier-siens et en charnière centrale, la paire de l'Atlético, Diego Godín-José María Giménez. Le portier français, lui, sera le dernier rempart d'un 4-2-3-1, protégé par  Samuel Umtiti, joueur du Barça et Raphaël Varane, son homologue madrilène. Eh ouais, le slogan “Nos différences nous unissent” dans l'encolure de la tunique frappée du coq, c'est pas uniquement pour faire joli...

15’ : Le long centre au second poteau de Benjamin Pavard trouve Olivier Giroud. L'attaquant des Blues remise astucieusement vers Kylian Mbappé, seul aux 5,50 m. Bien qu'il dispose de tout le temps nécessaire pour contrôler, le Bondynois se détend pour offrir une sortie de but à son adversaire, d'un impeccable timing. Louper une tête lorsque l'on a connu une augmentation conséquente de son périmètre crânien, c'est cocasse...

40’ : Une faute de Rodrigo Bentancur - assortie d'un avertissement parce qu'elle le valait bien - offre un bon coup franc aux Bleus, à une trentaine de mètres à droite en regardant les bois. Antoine Griezmann s'en charge, marque le pas dans sa course d'élan, et frappe à contretemps. Ce subterfuge surprend la défense sud-américaine, laissant tout loisir à Varane de devancer Cristhian Stuani, décroiser superbement son coup de tête et l'envoyer hors de portée de Muslera dans le petit filet. (0-1)

44’ : Sur une action similaire, Lucas Torreira botte un coup franc lointain. Martín Cáceres décroise également sa tête à la réception, obligeant Lloris à une horizontale impressionnante. Le cuir échoue dans les pieds de Godín, incapable de conclure à bout portant, gêné par le gardien qui s'est prestement relevé.

Le premier acte s'achève sur ce court avantage. Au vu des récentes confrontations entre les deux équipes, c'est presque du luxe. Les 4 dernières instances se sont en effet soldées par un 0-0, dont 2 fois en Coupe du monde (2002, 2010). Pire, le dernier joueur français à avoir marqué un but à l'Uruguay avant Raphaël Varane est José Touré. C'était le 21 août 1985,  au Parc des Princes, pour la Coupe intercontinentale des Nations opposant le vainqueur de la Copa América 1983 à celui du championnat d'Europe des Nations 1984. Un trophée - et un stade, diront les mauvaises langues - aujourd'hui disparu...

Le baiser de Judas

61’ : Corentin Tolisso sert Griezmann aux abords de la surface côté gauche. Devant l'absence d'alternative, le meneur de jeu tente sa chance. La frappe flottante se dirige plein axe avant de dévier de sa trajectoire, trompant Muslera, dont l'intervention est complètement manquée. Il laisse échapper la sphère derrière sa ligne de but. There was something in the air that night/The stars were bright, Fernando/They were shining there for you and me. Surtout pour toi, Fernando... (0-2)

Grizou, qui avait clamé toute la semaine son fort attachement au petit pays d'Amérique du Sud, ne célèbre pas. La date du 6 juillet est celle de la journée internationale du baiser. Pour la Celeste, il a la saveur de celui de l'apôtre à la morale aussi lâche que les mains de son goal.

Avant même le coup de sifflet final, Giménez n'a pu retenir ses larmes, submergé par une détresse devenue soudain trop grande pour être contenue, même en Mondovision. La tristesse étant toujours ponctuelle, un torrent salé a inondé au même instant plusieurs paires de joues parmi les quelque quarante mille de l'affluence. D'aucuns trouveront une maigre consolation dans les mots de leur compatriote, Eduardo Galeano : “L'histoire ne dit jamais vraiment au revoir. L’histoire dit 'à plus tard' ”...



BRÉSIL 1-2 BELGIQUE / FERNANDINHO (CSC) 13’, DE BRUYNE 31’, R. AUGUSTO 76’

Si Edinson Cavani a marqué 4 fois contre Caen, Fernandinho, lui, n'a marqué qu'une seule fois contre son camp. Faut dire qu'il était troublé, le Mancunien, à voir Vincent Kompany s'élever devant lui et Kevin De Bruyne dans les parages. Il s'est sans doute cru au boulot, au City of Manchester Stadium, et a dévié du coude le corner de Nacer Chadli dans sa propre cage. (0-1)

On ne jouait même pas encore le quart d'heure de jeu : Little Fernand, enseigne de dégradation rapide.

I came in like a wreeeeeecking baaaaaall 

Sur une récupération belge, Romelu Lukaku projette son presque double mètre et son presque quintal dans la moitié de terrain adverse. Chassé par Paulinho, il efface l'infortuné Fernandinho sur la ligne médiane et parvient à transmettre à De Bruyne dans l'intervalle. Le milieu cityzen se sert de l'appel de Thomas Meunier pour privilégier la solution personnelle. Il décoche une merveille de frappe sèche et tendue. Alisson Becker est battu sur sa droite pour la deuxième fois de la soirée en moins de 20 minutes, impuissant, les genoux plantés dans la pelouse de cet effroyable jardin... (0-2)

Au tour précédent, Bobby Firmino avait entériné la victoire brésilienne 2 minutes après sa sortie du banc. Cette fois, c'est Renato Augusto qui l'a imité en 3 minutes ; sur une passe géniale de Philippe Coutinho, sa tête placée a trompé Courtois. (1-2)

Mais ce n'était que la réduction de l'écart, il aurait fallu en remettre une couche pour sauver tout un continent...

À тантôт…

Leave a Reply

Envie de réagir ?

1/ Saisissez votre texte dans le cadre ci-dessous.
2/ Sélectionnez votre profil dans la liste déroulante : si vous disposez d'un compte (Google, etc.), identifiez-vous. Sinon, vous pouvez entrer un nom ou pseudo sous "Nom/URL".
3/ Cliquez sur "S'abonner par e-mail", pour être prévenu dès qu'une réponse sera postée.
4/ Enfin, cliquez sur "Publier". Job done!

Merci à vous !