Cahier de Mondial 2018 – Entrée #24 : “La place Rouge était vide…”

L'incipit est bien connu. Sur une ligne de basse, Bécaud égrène un chapelet d'images d’Épinal sur l'ex-URSS et sa capitale : la place Rouge, la révolution d’Octobre, le tombeau de Lénine... et en invente : en 1964, le café Pouchkine n’existe alors que dans l'imagination de son parolier. Depuis, un restaurateur moscovite lui a donné vie et l'a inauguré en présence du chanteur varois en 1999. Beau geste de sa part d’avoir mis “Monsieur 100 000 volts” au courant...
La Russie est un pays qui a nourri beaucoup de fantasmes, notamment pendant la guerre froide. On ne compte plus les récits ayant pour cadre cette période de l’histoire contemporaine. Des franchises telles que Mission: Impossible, la série débutée au milieu des années 1960, se sont chargées de propager les clichés sur l'espionnage soviétique. Mais ce n’est pas l’apanage de l'écran, petit ou grand. En littérature également, on trouve de nombreux exemples, à commencer par celui de David John Moore Cornwell, dit John le Carré. Le romancier a travaillé pour le renseignement intérieur (MI5) et extérieur (MI6) britanniques, étant toujours en service actif lorsqu'il publie Call for the Dead en 1961. Prolifique, il est l'auteur d'un nombre important de romans d'espionnage parmi lesquels on peut aisément trouver un titre qui correspondrait à chacune des équipes engagées ce samedi 7 juillet 2018 :

Suède - The Spy who Came in from the Cold
Bien que l'état scandinave jouisse d'un climat tempéré, les températures hivernales dans le Nord chutent aussi vite que Neymar.

Angleterre - The Tailor of Panama
En phase de poule, le XI de la Rose a déchiqueté la petite république d'Amérique Centrale.

Russie - The Russia House
C'est à la fois le choix le plus audacieux et le moins évident. Le lien est ténu, presque sibyllin...

Croatie - A Legacy of Spies
La bande à Luka ambitionne d'être la digne héritière de son illustre aînée, brillante troisième de la Coupe du monde 1998, et ce, pour sa première participation.

En 1983, le Carré fait paraître The Little Drummer Girl. Trois décennies et demie plus tard, cette œuvre va être adaptée en mini-série par le virtuose retors Park Chan-Wook. Hasard du calendrier, encore un, le 7 juillet est le jour de naissance commun à 2 Richard, Richard Starkey aka Ringo Starr et Richard Kolinka. Happy birthday to the Little Drummer Boys...



Suède-Angleterre-07072018

SUÈDE 0-2 ANGLETERRE / MAGUIRE 30’, DELE 59’

Show me the money!

À la fin du premier tiers du match, Harry Maguire a repris d'une tête piquée le corner d'Ashley Young, signant l'ouverture du score et s'offrant ainsi sa toute première réalisation internationale. (0-1)

À la fin du deuxième tiers du match, Dele Alli a repris d'une tête au-dessus des gants de Robin Olsen le centre de Jesse Lingard, doublant l'avantage. (0-2)

À la fin du troisième tiers du match, bien aidée par Jordan Pickford qui a détourné d'une main ferme toutes les idées reçues sur les gardiens anglais, l'Angleterre a composté son billet pour les demies.

L'exactitude est la politesse des rois... et de leur progéniture. Prince Harry et Prince Alli (oui, c'est bien llui) ont couronné de la tête la qualification des Three Lions ; leurs quatrième et cinquième buts inscrits du crâne depuis le début de la compétition. Et les neurones de s'en aller rejoindre les Suédois et la gastronomie au rang des victimes de la perfide Albion...


Russie-Croatie-07072018

RUSSIE 2-2 CROATIE (3-4 TAB) / CHERYSHEV 31’KRAMARIĆ 39’, VIDA 101’, FERNANDES 115’

À voir les pions plantés par Denis Cheryshev lors de la rencontre inaugurale, on en viendrait presque à croire que sa virtuosité relève de l'atavisme, héritée de la grande tradition du Bolchoï. Trois semaines se sont écoulées depuis, et parce que trois semaines, c'est beaucoup, le numéro 6 de la Sbornaïa a décidé de nous gratifier d'un nouveau récital. Contrôle aérien élégant, deuxième touche rapprochée pour mettre le ballon au sol et échapper à son poursuivant, une-deux avec le géant Artem Dzyuba, évitement du tacle de Luka Modrić, frappe du gauche en déséquilibre juste avant la demi-lune. Lunette. “Araignée du soir, espoir”, comme le veut l'adage, mais Cheryshev n'en a strictement rien à battre... (1-0)

Question esthétisme, la Croatie, elle, est bassement prosaić. Mario Mandžukić déborde côté gauche, centre en retrait pour Andrej Kramarić qui décroise tranquillement sa tête piquée au milieu de 5 maillots rouges. (1-1)

Coup de sifflet final, pas de prolongation ♫. Abonnés au suspense dans ce tour principal, les ressortissants balkaniques et leurs hôtes vont à nouveau disputer 30 minutes supplémentaires et peut-être devoir se livrer au périlleux exercice des tirs au but. Ce tropisme des Russes pour la roulette...

La Dalmatie est une région historique, le long de l'Adriatique, dont la plus grande partie s'étend sur la Croatie. Aussi, personne n'a été surpris que Domagoj Vida claque le corner de Modrić dans les filets d'Akinfeev à la 101e. Viva la Vida sur Coldplay arrêté... Pensionnaire du Dynamo Kiev, le défenseur central est rompu aux joutes dans les plaines d'Ukraine(1-2)

Ivre (de joie) virgule, le blond au catogan se départit de sa sa tunique, persuadé d'avoir porté l'estocade. Tout un chacun - à l'exception d'Abdeslam Ouaddou - sait qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'URSS... La sanction arrive par Mário Fernandes, le latéral d'origine brésilienne. Celui qui ne maîtrise que quelques mots de la langue de t.A.T.u. n'a pourtant aucune peine à se faire comprendre de son partenaire, Daler Kuziaev, qui lui dépose sur l'os sincipital un coup franc botté de l'angle de la surface. (2-2)

Le juge de paix des 11 mètres désignera la jeune république de l'ex-Yougoslavie comme le dernier qualifié de ces quarts de finale. Les Croates ont d'abord tiré 2 fois à gauche du gardien russe, dont un échec, puis réussi leurs 3 dernières tentatives, sur sa droite. Si faire mine de tirer à gauche pour finir par tout mettre à droite ne leur garantit pas encore le couronnement dans une grosse semaine, cette tactique a permis à d'autres de décrocher un sacre hexagonal au printemps précédent...

C'est à Rakitić qu'est revenu l'honneur de convertir le tir au but décisif. Il fallait bien que le fossoyeur des espoirs de la Sbornaïa se prénomme Ivan, ne serait-ce que pour l'injustice poétique...

C'est la fin de l'histoire, le noir après le rouge...

Plus question de phrases sobres
Ni de révolution d'octobre
On n'en était plus là
Fini le tombeau de Lénine
Le chocolat de chez Pouchkine
C'est, c'était loin déjà...

À тантôт…

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