Cahier de Mondial 2018 – Entrée #28 : “Football's going home…”

66 was a great year for english football. Eric was born. Cette provocation, étalée en 4x3 sur le mobilier urbain anglais au milieu de la décennie 90, est l’œuvre de l'équipementier au signe de ponctuation stylisé. Un millennial barbu, porteur de pantalons laissant paraître chevilles et chaussettes bariolées, la qualifierait vraisemblablement de “disruptive”. Explication : l'année 1966 a vu conjointement la naissance d'Éric Cantona et la seule victoire anglaise en Coupe du monde - à ce jour. Un tournoi inauguré par une opposition entre les locaux et l'équipe d'Uruguay à Wembley, un 11 juillet il y a 52 ans tout pile. On le sait, le pays organisateur bénéficie d'un avantage conséquent. En témoignent, non pas l'élimination récente des Russes - plutôt la conséquence d'un déficit de trésorerie -, mais les 6 précédents : Uruguay (1930), Italie (1934), Angleterre (1966), RFA (1974), Argentine (1978) et France (1998). Et lorsque 30 ans plus tard, le Championnat d'Europe des Nations prit ses quartiers outre-Manche, les attentes furent cristallisées dans un hymne, Three Lions des Lightning Seeds, groupe de rock originaire de Liverpool. Tiens, tiens... Une chanson so british, aussi désabusée qu'optimiste (sic), où les déceptions répétées depuis le désormais lointain succès fondateur de 66 ne ternissent pas l'espérance qui accompagne le début de la compétition. Le courage, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme.
Football's coming home, martèle le refrain, dans une application zélée de la méthode Coué. Le foot revient à la maison, clin d’œil à la terre d'invention supposée du ballon rond dans sa mouture moderne. À ceci près qu'à l'image des produits du fabricant susmentionné, le jeu de balle serait plutôt made in China, si l'on en croit ses racines profondes. Et un espoir douché, un ! Pas le dernier de la soirée, a priori...



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CROATIE 2-1 ANGLETERRE / TRIPPIER 5’, PERIŠIĆ 68’, MANDŽUKIĆ 109’

Le 11 juillet 1848, la gare de Londres-Waterloo ouvre au trafic. Longtemps, la verrière de son terminal fut la première image que les voyageurs percevaient de l'Angleterre en débarquant de l'Eurostar, bien avant la pluie et la nuit à 15h. 150 ans après, la tunique au damier est l'une des dernières images que verra le XI de la Rose en débarquant du Mondial russe. Récit.

5’ : My name is Luka / I live on the second floor / I live upstairs from you / Yes I think you've seen me before... Quelque chose a dû tomber sur les lames du plancher de Luka Modrić pour que le locataire du deuxième s'effondre sur Dele Alli, se rendant coupable d'une faute grossière. Un ancien joueur de Tottenham fait trébucher un joueur actuel de Tottenham. Le coup franc est confié à Kieran Trippier, pensionnaire... des Spurs, qui venge son coéquipier², expédiant le ballon non loin de la lucarne de Danijel Subašić. Sanction immédiate, justice expéditive. La proie pour Londres... (0-1)

Un latéral droit qui inscrit son premier but international dans une demi-finale de Coupe du monde face à la Croatie. Tiens, tiens... À l'origine du mouvement, revoir le geste de Jesse Lingard : un soyeux contrôle orienté en roulette lui ouvrant le jeu.

30’ : Action incroyable. Alli trouve Lingard à l'entrée de la surface, plein axe. Le Mancunien sert Harry Kane en position idéale. Son intérieur du pied poussif, mal négocié par Subašić, lui revient. Son deuxième essai à bout portant heurte le montant puis rebondit sur le genou du portier avant de s'élever dans le ciel moscovite. Kane est signalé hors-jeu. Quand bien même, le quota de Tottenham était épuisé...

68’ : Transversale d'Ivan Rakitić vers Šime Vrsaljko, qui adresse un bon centre. Pendant que la ligne défensive tente de comprendre comment se prononce un patronyme qui débute par 3 consonnes, Ivan Perišić domine Kyle Walker et égalise d'un extérieur du pied en extension. Uchi Mawashi Geri. D'habitude, les coups de pied circulaires, c'est Walker qui les distribue à la fin des épisodes. I have a feeling we're not in Texas anymore... (1-1)

72’ : Mauvais dégagement de John Stones récupéré par Perišić. L'enchaînement passement de jambe-accélération lui permet de déposer Walker - avec un nom pareil, en même temps... À la sotie, son tir croisé du gauche trouve le poteau de Jordan Pickford. Le rebond échoue dans les pieds d'Ante Rebić, surpris, incapable de conclure.

99’ : Corner sortant de Trippier pour la tête décroisée de Stones au premier poteau. Subašić est battu, mais suppléé par Vrsaljko sur sa ligne.

105’+2 : Débordement de Perišić dont le centre trouve Mario Mandžukić à hauteur des 5,50 m. La reprise à bout portant de l'attaquant turinois est sortie de la cuisse par Pickford, qui ajoute un arrêt exceptionnel supplémentaire à son impressionnante collection été 2018, continuant de faire oublier son prédécesseur. Total eclipse of the Hart.

109’ : Encore un centre venu du flanc gauche, originaire des crampons de Josip Pivarić. Chandelle de Walker. Perišić gagne son duel face à Trippier, sa tête se transforme en offrande à Mandžukić, qui réagit plus prestement que Stones et Harry Maguire pour battre Pickford sur sa gauche. (2-1)

La célébration est dantesque, entraînant la chute d'un photographe sous l'enthousiasme collectif. Qu'à cela ne tienne, sa conscience professionnelle intacte, il poursuit son mitraillage au sol.

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Au prix d'une troisième prolongation en autant de rencontres, la Croatie décroche la première finale mondiale de son histoire, à peine 27 ans après sa création. Cela donne de l'espoir au Paris Saint-Germain, qui n'a plus qu'une vingtaine de printemps à patienter.

Côté anglais, l'Euro 96 susdit s'était achevé à l'issue d'une séance de tirs au but les opposant au futur vainqueur allemand. Des 12 tentatives, une seule avait été manquée ; l'œuvre de l'infortuné Gareth Southgate, aujourd'hui sélectionneur des Three Lions. Encore traumatisé, il aurait fait particulièrement travailler cet exercice à son groupe pour éviter un nouvel échec en la matière. Pari gagnant, ils ont été éliminés sans y avoir recours, recevant le coup de grâce à 11 minutes du terme. 11, comme la distance en mètres du point de penalty. Décidément...

À тантôт…

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