Cahier de Mondial – Entrée #5 : “Go play a video game…”

Le 19 juin 1986, Coluche s’en est allé. À 2 jours de ce qui allait devenir un mythique quart de finale de Coupe du monde entre le Brésil et la France au stade Jalisco de Guadalajara. L’homme de cœur qu’il fut aurait nécessairement eu un faible pour le Portugal, ce pays où Tiago Manuel Dias Correia dit Bebé, qui a longtemps vécu dans la rue, a pu s’élever au rang de footballeur professionnel, allant jusqu’à intégrer le prestigieux club de Manchester United. Cette même nation qui compte dans ses rangs Raul Meireles, dégaine de punk à chien + tatouages de taulard qui lui auraient permis de s’échapper de Prison Break pendant les publicités. “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.” L’essentiel ET le jeu de la Selecção, atomisée par une séduisante Allemagne en préambule de ce lundi qui aura vu le premier 0-0 entre l’Iran et le Nigéria ainsi que le but-éclair de Dempsey de la Team USA face au Ghana. Clint, pas le Dr. Mamour ; avec un prénom pareil, pas étonnant qu’il dégaine vite…

Allemagne_Portugal_16062014

Nous sommes le lundi 16 juin 2014 et Brandão, l’avant-centre de l’AS Saint-Étienne, fête aujourd’hui ses 34 ans. Pas retenu parmi les 23 Brésiliens de Scolari, son sosie officiel Paulinho fait néanmoins partie du voyage. Pour se consoler, le Stéphanois vient d’être naturalisé français. Ce qui, vu sa carrure, en fait donc un Malabar bi-goût.

Les Teutons flingueurs

Je vais continuer à vous raconter ma vie sachant pertinemment que vous vous en moquez comme Ronaldo de son premier pot de gel. Bref, j’ai passé la journée chez Mickey, résidence secondaire d’une amie proche qui faisait partie du petit groupe que nous avions dépêché sur place. Cette amie a des origines portugaises, aussi, nous avons écourté la visite pour aller suivre l’entrée en matière de la bande à Cristiano. Pris dans les bouchons, nous avons suivi la première période sur l’appli TV d’un smartphone. On a vite compris que, même si on avait pu faire 8 fois chaque attraction du parc, nous ne serions pas ceux qui auraient la tête qui tourne le plus ce jour-là…

Thomas Müller est l’anti-Ronaldo : il se contrefout de son apparence, n’a aucun style, pas plus de qualités physiques ou individuelles hors du commun. Cependant, c’est un joueur d’une intelligence et d’une efficacité rares qui peut se révéler étincelant au sein d’équipes où le jeu collectif prévaut. Gominer n’est pas gagner, il l’a prouvé en 4 temps. Et 3 mouvements…

1/ AUTORITÉ/SANG-FROID : lorsque Mario Götze – son copain du Bayern – est retenu dans la surface, Müller s’empare du ballon et transforme sans broncher la sanction (1-0, 12’). Après le match, il dira qu’il a vécu beaucoup trop de choses pour éprouver la moindre angoisse au moment du coup de pied de réparation. REP A SA, Jack Bauer !

2/ MALICE/INTELLIGENCE : après le deuxième but inscrit de la tête par Hummels à la réception d’un bon corner (2-0, 32’), Müller provoque l’expulsion de Pepe, connaissant le casier judiciaire du défonceur du Real, seul joueur du Mondial à afficher son quotient intellectuel sur sa tunique.

3/ SPONTANÉITÉ/PRISE DE (BONNE) DÉCISION RAPIDE : dans les 16,50m, le joueur du Bayern contre un dégagement portugais sur un centre allemand. Le ballon lui reste dans les pieds, il le reprend presque instantanément de son mauvais pied, laissant deux défenseurs sans réaction (3-0, 45’+). La frappe est vilaine mais suffisante pour tromper le portier. Combien de joueurs auraient tenté un improbable extér’ de leur pied fort après avoir tergiversé ?

4/ RÉACTIVITÉ/OPPORTUNISME : alors que la décision est faite depuis bien longtemps, André Schürrle déborde côté droit et adresse un centre moyen que Rui Patricio a toutes les peines du monde à négocier. Il le repousse tant bien que mal… dans les pieds de Thomas Müller qui ne se fait pas prier pour pousser l’offrande dans la cage et signer le triplé (4-0, 78’).

Au fur et à mesure que le match avançait, le Ballon dort s’agaçait, finissant par vouloir mener toutes les offensives tout seul. La facette sombre de Cristiano, prodigieusement énervante, qui donne envie de lui conseiller d’aller jouer aux jeux vidéo. Là, il sera seul à avoir la manette…

Coïncidence ou vraie tendance, 2 des 3 affiches de ce début de compétition se sont soldées par des scores larges. L’Allemagne a pulvérisé un Portugal qui se voyait sans doute trop beau. Schadenfreude

The Purge

On a souvent reproché aux joueurs nigérians leur individualisme. Cette année, pour contrecarrer ce vilain défaut, la sélection s’est équipée de maillots fluo de type DDE bien voyants, histoire que les joueurs s’interrogent sur la raison pour laquelle il y a 9 autres joueurs habillés comme eux sur le terrain.

Superstition ou pas, il a fallu attendre cet Iran/Nigéria pour assister au premier 0-0. Il s’agissait du 13è match de la compétition, quelque chose me dit que ce n’était pas le plus fun à suivre…

Hey, Boko Haram, #BringBackOurFootballChampagne!

La Nuit américaine

Comme dit le proverbe africain : “Vous avez l’heure, nous avons le temps.” Ouais, mais non, les gars, le match commence à la même heure pour tout le monde ! Tu ne peux pas laisser Clint Dempsey aller te crucifier en solo dès la 30è seconde. Même si la filmo récente d’Eastwood réalisateur a pu vous laisser croire que les Clint étaient séniles, ce n’est pas une excuse suffisante. Heureusement, les Black Stars peuvent compter sur André Ayew, qui en a tellement vu cette année avec l’OM, qu’un tel début de match ne le décourage pas. C’est lui qui égalisera au terme d’un vrai beau mouvement facilité par une habile talonnade et conclu d’un soyeux extérieur du pied gauche. À peine le temps de savourer ce retour au score – qu’a dû moins goûter la poitrine du milieu olympien, qu’il a martyrisée du plat de sa propre main – que Brooks, d’une tête piquée, permet à Air Force One de décoller sans encombre. À 4 minutes de la fin, right on time

À tantão…

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