Cahier de Mondial – Entrée #19 : “Sweet sixteen”

En 1998, l’équipe de France avait débuté son parcours par une large victoire 3-0 avant de se promener au match suivant. Première de son groupe, elle se trouva opposée en 1/8è de finale à une équipe délicate à manier dont le gardien était réputé infranchissable. S’étant sortie tardivement de ce guêpier, l’attendait ensuite un quart de finale face à une grande nation européenne de football. 16 ans plus tard, des similitudes entre les 2 épopées existent et pour autant qu’on ait un tant soit peu la foi, on peut s’en prévaloir. C’est une démarche fréquente pour un domaine très sujet à la superstition, proche de l’apophénie qui touche Jim Carrey dans Le Nombre 23. Ce terme barbare désigne le fait d’attribuer un sens particulier à des événements en établissant des connexions sans objet entre les choses. La raison est très simple, en se plaçant sous le patronage d’un précédent favorable, on appelle de tous ses vœux un résultat similaire. En attendant, 16 ans après le Paraguay de Chilavert, la France fait à nouveau partie des 16 meilleures équipes du monde au moment d’affronter le Nigéria ce lundi 30 juin. De haute lutte, elle a même réussi à obtenir son billet pour le top 8 où l’attendra l’Allemagne qui, s’est également défaite d’une équipe africaine : l’Algérie.

FRANCE 2-0 NIGÉRIA / POGBA 79’, YOBO (CSC) 90’+2

France_Nigéria_30062014

J’ai appris un paquet de trucs grâce au foot, notamment en géographie. La coupe de l’UEFA m’a aidé à placer des villes au nom imprononçable sur la carte, l’Équipe du Dimanche a affiné mes connaissances sur les quartiers de Londres, etc. La première mi-temps de ce France/Nigéria m’a permis de découvrir avec précision le temps que le corps humain pouvait tenir en apnée sans décéder. En effet, le premier acte a été celui d’une domination suffocante des Super Eagles qui exploitaient intelligemment les côtés à chaque attaque, combinant vitesse et mobilité. À croire que Boko Haram avait kidnappé les 14 auteurs du poussif score nul et vierge face à l’équipe d’Iran en poule.

Petit à petit, les Bleus ont commencé à mieux ressortir les ballons, se créant une belle occasion par Pogba, visiblement d’accord avec Enyeama pour le faire briller en envoyant sa reprise droit sur lui. La mi-temps fut atteinte sur une marque vierge inespérée au regard de la physionomie des 45 premières minutes. Merci Hugo, dont le but dans la vie semble être de rendre les attaquants aussi muets que lui.

Au retour des vestiaires, le sèche-cheveux basque a dû produire son effet. Pas sur les affreuses coupes qui sont restées les mêmes, plutôt sur les intentions des Français. On repart tout de même sur un gros quart d’heure de domination des joueurs africains (pas ceux de l’équipe de France, les autres) parce que bon, un discours avec des mots de plusieurs syllabes, faut le temps que ça descende chez des footeux. Matuidi en profite pour atteindre le point Godwin en blessant sévèrement Onazi (double fracture tibia-péroné, le geste commercial de la banque du Qatar).

À la 70’, Benzema est tout proche d’ouvrir le score après un une-deux avec Griezmann. Le ballon retouché involontairement par Benz est sauvé devant sa ligne. Avec un minimum de réussite depuis le début de la Coupe du monde, le buteur du Real aurait une feuille de stats plus longue que sa note au Zaman.

Moses a sauvé son pays des eaux, mais les vagues bleues affluent tellement qu’on dirait la chanson de Balavoine. Sur un corner renvoyé par la défense adverse, Cabaye amortit poitrine et adresse une merveille de frappe de l’extérieur de la surface en plein sur la barre. Dans la foulée, la tête de Benzema à la réception d’un coup-franc est claquée en corner. Encore une fois, ça passe à quelques centimètres, LES NIGÉRIANS SONT TOUS COCUS, c’est pas possible ! Mais assez parlé poésie, car à un peu plus de 10 minutes du terme, sur un nouveau corner de Valbuena, Pogba profite de l’erreur du portier du LOSC pour rabattre du crâne le ballon dans le but vide. Enyeamaljugélatrajectoire…

Dans le temps additionnel, Yobo contre son camp donnera un peu plus d’ampleur au succès français sous la pression de Griezmann, auteur d’une excellente entrée.

Comme contre le Paraguay en 1998, le match fut long et compliqué. Cette fois-ci, la lumière est venue de Paul Pogba ! Celle-ci, elle est pour toi, Thierry. Cœur avec le manque…

ALLEMAGNE 2-1 ALGÉRIE (AP) / SCHÜRRLE 92’, ÖZIL 120’, DJABOU 120’+1

Allemagne_Algérie_30062014

Avant, les Allemands étaient austères et efficaces. Mais ça, c’était avant ! Maintenant, les mecs sont carrément fendards. Tu t’souviens quand on était gamins, on hurlait “goal volant !” pour pas avoir à rester dans la cage pendant tout le match ? Manuel Neuer n’a pas oublié, lui, et il aime tellement ça qu’il le fait en huitième de finale de Coupe du monde, se permettant de toucher 21 ballons en dehors de sa surface, pépère…

Il fallait au moins ça pour concurrencer son coéquipier André Schürrle, auteur d’une Madjer contre l’Algérie !

Des génies qui poussent loin le concept de la vanne malgré l’enjeu. Une attitude de trompe-la-mort qui ne cache pas l’indigence de la prestation allemande, poussée dans ses retranchements par une Algérie qui a joué son va-tout, longtemps protégée par l’énorme prestation de son dernier rempart, Raïs M'Bolhi. En dépit de son look de sosie avenant de Booba, il a réalisé des parades de grande classe. Nul doute que Manuel a apprécié, d’autant qu’il a vu ça de près…

À tantão…

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