Chez les Le Quesnoy, le lundi c’est ravioli. Sur M6, le mardi c’est permis. À l’Élysée, le mercredi c’est la réunion hebdomadaire des emplois fictifs les mieux rémunérés du pays. Pour les porteurs de Stan Smith, le jeudi c’est afterwork. Et en ces pages, le vendredi c’est cinéma ! (SPOILER : les autres jours aussi !) L’effeuillage de l’éphéméride du vendredi 22 juin 2018 révèle en effet des pages noircies de naissances relatives au septième art.
Le 22 juin 1949, Mary Louise Streep naît à Summit, New Jersey. Actrice américaine considérée comme la plus douée de sa génération, elle fait preuve d’une longévité remarquable depuis son premier rôle en 1977. Elle affiche un palmarès long comme l’intervalle de temps entre deux visites de Didier Deschamps chez le dentiste : 3 Oscars, 9 Golden Globes et 2 BAFTA pour une soixantaine de nominations. De quoi rendre jaloux Neymar, comédien en herbe, dont les interprétations souvent forcées peinent encore à convaincre l’Académie, contrairement au corps arbitral. Une nouvelle représentation était prévue face au Costa Rica cet après-midi.
Le 22 juin 1962, Stephen Chow naît à Hong Kong. Acteur, scénariste, réalisateur et producteur hongkongais, il se distingue par son approche de la comédie d’action mêlant humour et dialogues absurdes aux figures traditionnelles. En 2001, il réalise Shaolin Soccer, chronique d’une bande de moines Shaolin appliquant leurs compétences en arts martiaux à la pratique du football. Une sorte de version live d’Olive et Tom, émaillée de séquences et de gestes spectaculaires. Le contrôle de funambule réalisé par le Nigérian Ahmed Musa devant l’Islande ne jurerait d’ailleurs pas avec l’ensemble.
Le 22 juin 1971, Mary Lynn Rajskub naît à Detroit, Michigan. Actrice et scénariste américaine, son interprétation de Chloe O’Brian l’a rendue célèbre. Pendant 7 saisons et plus de 130 épisodes de 24 heures chrono, elle a prêté main forte au héros Jack Bauer, l’aidant à se dépêtrer de situations périlleuses, allant jusqu’à l’incident diplomatique avec la Chine. Un talent qui serait utile aux 2 buteurs suisses dont la célébration a été très peu goûtée par leurs adversaires serbes, suscitant un tollé. À l’Est, rien de nouveau…
BRÉSIL 2-0 COSTA RICA / COUTINHO 90’+1, NEYMAR 90’+7
Le dernier Brésil-Costa Rica en Coupe du monde avait produit un festival offensif conclu sur la marque de 5 à 2 en faveur des Sud-américains. Une après-midi portes ouvertes où les 22 joueurs avaient poussé le zèle jusqu’à rigoureusement s’abstenir de défendre. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir…
16 ans plus tard, les temps ont changé (demain tout ira mieux, tu verras). À la fin du temps règlementaire, le score est toujours nul et vierge. Le casting des responsables par ordre d’apparition : la maladresse de Celso Borges, le mauvais alignement de Gabriel Jesus, la barre transversale du but costaricien, la claquette de Keylor Navas, la maladresse et la simulation de Neymar.
Le scénario de la rencontre ménage un suspense à couper au couteau.
Au petit couteau. Dès la première minute du temps additionnel, Marcelo centre vers le second poteau. Il trouve la tête de Roberto Firmino qui remise pour Gabriel Jesus dont le contrôle en pivot est trop long. Cela profite à Philippe Coutinho qui jaillit pour placer un pointu entre les jambes de Navas. (1-0)
Soulagés d’avoir trouvé l’ouverture, les Brésiliens laissent éclater leur joie. Les remplaçants courent en direction des titulaires. Dans la cohue, Ederson pousse son sélectionneur Tite dans le dos et l’envoie réaliser un tonneau au sol.
Au terme des arrêts de jeu, Casemiro décale Douglas Costa sur la droite de la surface. L’ailier de la Juventus accélère et sert en retrait Neymar qui se retrouve seul face à la cage vide. La suite est cousue de fil blanc, le ballon finit au fond des filets. Plot twist: la reprise est effectuée de l’intérieur du tibia gauche. (2-0)
Le coup de sifflet final donné, le second buteur s’agenouille sur la pelouse, la tête entre ses mains, en larmes. Sacrée équipe de cabotins ! Malgré l’absence d’Oscar et de (Júlio) César dans ses rangs, il devrait y avoir moyen de gratter quelques récompenses. Même pas besoin du lobby d’un magnat hollywoodien…
NIGÉRIA 2-0 ISLANDE / MUSA 49’, 75’
Comment résumer la quatrième rencontre du groupe D entre le Nigéria et l’Islande ? 90 minutes sur lesquelles Musa règne. Oui, je la ferai à chaque fois. Alors plutôt que de soupirer et d’hausser les sourcils, installe-toi, je te raconte… Si tu le permets, on va se rendre directement à la 49’.
C’est la minute à laquelle le temps s’est figé dans l’enceinte de Volgograd. Les prémices de cet instant de grâce sont semblables à cette action que l’on aurait vue cent fois : un décalage anonyme vers le piston droit, Victor Moses. Tel la mer Rouge pour son homonyme biblique, le couloir s’ouvre devant lui. Balle au pied, il avale les dizaines de mètres qui l’éloignent encore de la surface de vérité. Arrivé à proximité de l’angle des 16,50m, il adresse un centre brossé vers le point de penalty. La trajectoire en est stoppée net par un contrôle d’une classe folle d’Ahmed Musa, réalisé avec le cou-de-pied. La virtuosité du geste prend toute l’arrière-garde islandaise à revers. Le ballon s’élève au-dessus de la tête du joueur nigérian qui exécute quelques pas d’ajustement afin de le reprendre en demi-volée dès son contact avec le sol. La frappe puissante et sèche vient se loger dans la cage islandaise. Quelle beauté… (1-0)
Une minute après avoir fait trembler la barre, il s’offre le doublé en solo. Le long dégagement du défenseur Kenneth Omeruo devient une ouverture qu’il contrôle admirablement. Il accélère, sème sans difficulté Kári Árnason, efface le gardien d’un crochet pour conclure de près. (2-0)
L’intervention de la VAR aurait pu permettre à l’Islande de s’offrir une fin de match palpitante en transformant le penalty ainsi obtenu. Las, le tir de Sigurðsson s’en est allé rejoindre le ciel volgogradois. Comme quoi, Gylfi n’a pas que des idées de génie…
SERBIE 1-2 SUISSE / MITROVIĆ 5’, XHAKA 52’, SHAQIRI 90’
La Suisse est (re)connue mondialement pour sa tradition horlogère et la grande précision de celle-ci. C’est bien beau tout ça, mais encore faut-il la remonter de temps en temps, cette tradition, pour ne pas louper l’entame des matchs. On joue depuis 5 minutes et Dušan Tadić efface déjà tranquillement Ricardo Rodríguez d’une feinte de centre, revient sur son pied gauche pour enrouler une offrande dont Aleksandar Mitrović se délecte d’une jolie tête décroisée. (1-0)
Marquer tôt n’est pas un avantage systématique. Un but de Mitrović mis trop vite n’est pas une garantie de victoire, comme le prouve le retour des vestiaires.
Décalé à l’opposé du jeu, le tir enveloppé de Xherdan Shaqiri est contré par le dos du capitaine serbe Aleksandar Kolarov. Le ballon poursuit sa course jusqu’à l’entrée de la surface de réparation, côté droit où il est repris sans contrôle par Granit Xhaka. La frappe sèche et limpide est imparable. (1-1)
Très remuant, Shaqiri trouve le poteau de Vladimir Stojković sur une nouvelle frappe enroulée à l’heure de jeu.
À la dernière minute, il est lancé en profondeur, profitant du positionnement haut de la défense serbe. Il progresse, résiste au retour de Duško Tošić pour glisser habilement le cuir entre les jambes de Stojković. (1-2)
La célébration est identique pour les 2 joueurs d’origine kosovare de la Nati : les 2 mains entrelacées au niveau des pouces pour former l’aigle bicéphale du drapeau albanais.
Sur l’ultime chevauchée gagnante, Tošić a tenté de retenir Shaqiri sans succès. La preuve que les gros ceints peuvent tout de même aller jusqu’au but. Il y a définitivement du beau monde aux Balkans…
À тантôт…